Les deux projets d'avions amphibies à Saint-Jean-sur-Richelieu peinent à décoller, mais tous les espoirs sont permis pour le printemps.

En mai dernier, la société allemande Dornier a participé à une grande conférence de presse à l'aéroport de Saint-Jean-sur-Richelieu pour annoncer l'établissement d'une usine d'assemblage du Seastar, un avion amphibie d'une douzaine de places fabriqué de matériaux composites. Le projet de 71,5 millions de dollars devait permettre de créer 250 emplois à l'usine même et 200 autres chez un important fournisseur de la région. Le gouvernement du Québec avait promis un financement de 35 millions.

Mais voilà, le Seastar a frappé une zone de turbulences l'automne dernier. Dornier a connu des problèmes de financement.

Nouveau montage

«Nous leur avons fait deux offres de prêts, mais ils ont voulu changer les conditions sur le montage financier, a indiqué la porte-parole d'Investissement Québec, Josée Béland, au cours d'un entretien téléphonique avec La Presse Affaires. Nous avons été dans l'obligation de refuser l'entente.»

Les négociations se poursuivent toutefois au sujet d'un nouveau montage financier qui serait acceptable pour toutes les parties. De nouveaux investisseurs pourraient notamment se joindre au projet.

«Nous souhaitons que le projet se concrétise parce que c'est un projet important pour la Montérégie, a déclaré Jolyane Pronovost, porte-parole du ministre du Développement économique Clément Gignac. Mais c'est de l'argent public. Nous avons des responsabilités en tant que gouvernement, nous devons nous assurer d'en avoir pour notre argent.»

Mme Béland a affirmé qu'Investissement Québec avait «grand espoir que ça se concrétise».

Le grand patron de Dornier Seawings, Conrado Dornier, s'est aussi montré optimiste.

«Les discussions avec nos partenaires du Québec et de l'étranger vont bien, a-t-il déclaré dans un courriel à La Presse Affaires. Nous nous attendons à conclure le financement d'ici le mois de mars et à commencer le programme immédiatement après.»

Problème avec le Seawind

Ce n'est pas un problème de financement qui freine l'essor d'un autre avion amphibie, le Seawind 300C, mais divers obstacles dans le processus de certification du petit appareil de quatre places, également fabriqué de matériaux composites.

Le Seawind était disponible en kit pour les aviateurs bricoleurs, mais une entreprise américaine, Advanced Aero Corporation, a décidé au milieu des années 2000 de l'assembler à Saint-Jean-sur-Richelieu. Cependant, pour être commercialisé, l'appareil devait obtenir une certification gouvernementale et, donc, se soumettre à un rigoureux programme de test. Advanced Aero Corporation, en difficultés financières, a toutefois fait faillite après l'écrasement du prototype.

Investissement Québec a perdu 1 million de dollars dans l'aventure. La société d'État n'a pas voulu remonter à bord lorsque le président d'Advanced Aero Corporation, Richard Silva, a décidé de racheter les actifs de l'entreprise et de relancer le projet au printemps 2009.

Le programme d'essais en vol en vue de la certification a repris en mars dernier.

«Nous espérons terminer ce programme ce printemps et démarrer la production», a déclaré M. Silva à La Presse Affaires.

Dans un bulletin trimestriel qu'il envoie aux clients du Seawind 300C, M. Silva décrit en détail les problèmes techniques qui se présentent et les solutions proposées.

«Plusieurs personnes pensent que je suis fou d'être transparent à ce point, a lancé M. Silva en riant. Mais toutes les entreprises qui développent des avions éprouvent des difficultés. Je pense que le fait d'être transparents nous a permis de garder plus de la moitié des clients qui avait passé une commande.»

Avant la déroute d'Advanced Aero Corporation, le Seawind 300C pouvait compter sur 94 commandes. À l'heure actuelle, son carnet comprend 56 commandes.

Actuellement, une douzaine de personnes travaillent sur le Seawind 300C à Saint-Jean-sur-Richelieu. Lorsque la production commencera, le nombre d'employés devrait graduellement passer à près de 200 personnes.