Un vote de grève est en cours chez les 2700 chefs de train, agents de triage et coordonnateurs de la circulation ferroviaire du Canadien National, après la suspension de négociations qui n'ont duré que quatre jours.

«On a l'impression d'être dans un cul-de-sac, on est très, très inquiets», a expliqué hier un porte-parole syndical, Stéphane Lacroix.

Les syndiqués craignent d'être poussés vers la grève ou le lock-out par la direction du CN qui ne veut pas négocier. Le contrat de travail de cette catégorie d'employés est terminé depuis la fin du mois de juillet.

Du côté du CN, on confirme qu'il y a eu seulement quatre jours de négociations mais on se refuse à tout autre commentaire. Le porte-parole de l'entreprise précise que le conciliateur appelé pour rapprocher les parties doit remettre son rapport avant dimanche prochain. «Le CN s'est efforcé de parvenir à une entente mutuellement satisfaisante avec le syndicat, et il continuera à le faire», a fait savoir l'entreprise par écrit.

En attendant, le syndicat a entrepris de faire voter ses membres par la poste. Les résultats devraient être connus dans trois semaines, selon le syndicat, qui prévient qu'un débrayage ou un lock-out est possible cet automne.

Le porte-parole syndical soutient que les enjeux de la négociation ne sont ni les salaires, ni la caisse de retraite, mais la santé et la sécurité des travailleurs et de la population.

Par exemple, le CN demande à ses chefs de train d'augmenter leur temps de travail de 4300 à 7500 milles par mois, illustre Stéphane Lacroix. Même en étant payés plus cher, ce sont des conditions inacceptables, selon lui. «On n'est pas des robots rechargeables».

Le rapport à venir du conciliateur ne laisse pas beaucoup d'espoir au syndicat, parce que l'entreprise n'a pas d'offre formelle sur la table. «On ne mise pas beaucoup là-dessus, ce qu'on veut, c'est négocier face à face.»

Les Teamsters craignent d'être poussés à faire la même chose que les ingénieurs de locomotive qui, en 2009, ont déclenché une grève de 5 jours avant de se voir imposer leurs conditions de travail par un arbitre.

Le CN, qui compte 22 000 employés, devra entamer sous peu des négociations avec un autre corps de métier, les mécaniciens et employés de ses terminaux intermodaux. Leur contrat de travail prend fin le 31 décembre et les négociations doivent commencer en septembre. Ces employés sont membres d'un autre syndicat, celui des Travailleurs canadiens de l'automobile.

Le CN se porte plutôt bien malgré la reprise économique inégale. Lors de la diffusion de ses résultats du deuxième trimestre, en juillet, l'entreprise a révisé à la hausse ses prévisions de rentabilité pour 2010. La direction de l'entreprise s'attend à une augmentation de 25% de son bénéfice par action, qui était de 3,24$ en 2009.

Pour la première moitié de l'exercice, le bénéfice par action est établi à 1,93$, comparativement à 1,40$ pour la même période de 2009.

L'action du CN a fini la journée hier à 65,07$, en hausse de 41 cents.