Après avoir dû se battre contre un dollar américain défaillant, Bombardier (T.BBD.B) doit maintenant faire face à un euro vacillant.

L'analyste Benoît Poirier, de Valeurs mobilières Desjardins, croit que le déclin de l'euro aura des conséquences négatives pour Bombardier, notamment à partir du deuxième trimestre. Comme le premier trimestre a pris fin le 30 avril, avant la glissade de la monnaie européenne, les résultats de Bombardier pour cette période ne devraient pas en porter les marques.

L'entreprise rendra ces résultats publics demain matin. Les analystes s'attendent à des revenus de 4,3 milliards US et un bénéfice net de 7 cents US par action.

Selon Benoît Poirier, la faiblesse de l'euro finira par rattraper Bombardier.

«De toutes les sociétés que nous suivons, c'est Bombardier qui est la plus exposée à l'économie européenne et à l'euro, écrit-il dans un rapport de recherche. L'entreprise a récolté 48% de ses revenus en Europe au cours du dernier exercice financier. À peu près la moitié de ses employés sont basés en Europe. Environ 550 de ses biréacteurs d'affaires sont exploités dans la zone de l'euro. Et l'Europe constitue le plus important marché de Bombardier Transport, avec 69% de ses revenus.»

M. Poirier note que Bombardier Transport utilise des programmes de couverture et qu'elle bénéficie d'une certaine couverture naturelle parce que la plupart de ses dépenses sont effectuées en euro.

«Le déclin de l'euro ne devrait pas avoir un impact négatif sur la marge de Bombardier Transport, mais il aura un impact négatif sur les revenus, puisqu'il faut traduire ces derniers à parti d'un taux moyen pour la période», écrit l'analyste.

Pour la même raison, la glissade de l'euro aura un impact négatif sur le carnet de commandes de Bombardier Transport.

«Le déclin de l'euro devrait aussi avoir un certain impact négatif sur les commandes d'avions d'affaires en Europe, étant donné que ces appareils, dont le prix est fixé en dollars américains, deviennent plus chers en euro, ajoute M. Poirier. Mais généralement, les clients de ces appareils ne sont pas très sensibles au prix.»

M. Poirier, comme la plupart des autres analystes, demeure toutefois optimiste quant à la performance à long terme du titre de Bombardier. Sur une liste de 18 analystes compilée par Bloomberg, 14 recommandent l'achat de ce titre et 4 recommandent de le conserver.

Turan Quettawala, analyste de Scotia Capital, affirme que les choses sont particulièrement prometteuses du côté de Bombardier Aéronautique au cours des 12 à 18 prochains mois, grâce à la reprise attendue de l'industrie aéronautique.

«Le principal risque serait que la récente faiblesse de l'Europe fasse dérailler cette reprise globale, ce qui pourrait garder la demande à des niveaux très bas pendant plus longtemps que prévu, écrit toutefois M. Quettawala. Elle pourrait aussi avoir des conséquences négatives sur les investissements en infrastructures ferroviaires, mais ce risque est plutôt bas puisque Bombardier Transport est surtout active du côté des nations relativement plus solides.»