Le président et chef de l'exploitation de Bombardier Aéronautique, Guy Hachey, a assuré jeudi qu'il faisait tout en son pouvoir pour éviter de nouvelles mises à pied à l'usine de Mirabel, où sont construits les avions régionaux CRJ.

À l'issue d'un discours prononcé à la tribune de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain, M. Hachey a souligné que la récente commande de trois CRJ900, plus trois options, placée par le transporteur uruguayen Pluna avait quelque peu regarni le carnet de commandes de l'avionneur.

«Ça, ça nous aide un peu, a-t-il déclaré aux journalistes. (...) Ça va dans la bonne direction.»

Cette marge de manoeuvre ne sera toutefois pas suffisante à elle seule pour éviter de nouvelles mises à pied, s'est empressé d'ajouter le dirigeant. Seul l'ajout d'autres appareils au carnet de commandes permettrait d'exclure toute nouvelle mise à pied.

«C'est sûr qu'il faut gagner d'autres campagnes de vente. (...) On a encore quelques autres opportunités (de commandes) sur lesquelles on essaie de travailler très fort», a indiqué Guy Hachey.

Au début avril, celui-ci se donnait jusqu'à la fin mai pour décider de réduire ou non la cadence de production des CRJ. La commande de Pluna et les discussions en cours avec des acheteurs potentiels ont fait en sorte de repousser cette échéance de quelques semaines, voire quelques mois.

«C'est bon signe parce que si on attend, c'est parce qu'on a des opportunités», a noté M. Hachey.

Depuis février 2009, Bombardier Aéronautique a licencié pas moins de 4700 employés dans le monde, dont la moitié dans la région de Montréal.

Diminuer les risques

Dans son allocution, Guy Hachey a révélé que dans la foulée de la crise financière et de la récession, Bombardier Aéronautique allait «améliorer l'analyse de la situation financière» de ses clients et fournisseurs afin de mieux gérer ses risques.

Au cours des dernières années, l'avionneur a notamment été échaudé par les difficultés financières d'un important sous-traitant européen, Grob, qui devait développer la structure en matériaux composites du nouvel avion d'affaires Learjet 85.

Bombardier a également pâti de la faillite du transporteur italien MyAir.com, qui avait commandé une quinzaine de CRJ1000, et de celle de la société européenne Jet Republic, qui attendait 110 Learjet 60 XR.

«En d'autres mots, nous allons nous donner les moyens de mieux voir venir», a affirmé M. Hachey, qui ne croit pas que ce resserrement aura un impact négatif sur la taille du carnet de commandes de Bombardier Aéronautique.

Par ailleurs, le grand patron du troisième plus important constructeur d'avions civils au monde voit d'un bon oeil les fusions de transporteurs aux États-Unis. Au cours des derniers mois, Delta et Northwest, puis United et Continental ont uni leurs destinées.

«À long terme, ça nous aide parce qu'il y a une consolidation des flottes, a-t-il estimé. À court terme, peut-être que ça retarde les décisions de ces compagnies-là, mais à long terme, on pense que c'est une bonne chose pour l'industrie en général.»

Selon plusieurs observateurs, les regroupements permettront aux transporteurs d'améliorer leurs résultats financiers, ce qui favorisera le renouvellement de leurs flottes d'avions.

Enfin, Bombardier Aéronautique n'entend pas répliquer rapidement à son concurrent Gulfstream, qui lancera bientôt le G650, le plus grand de tous les avions d'affaires. Il devancera le Global Express de Bombardier, qui détenait ce titre depuis des années.

«De toute évidence, nous les surveillons de très près, nous avons des idées quant à ce que nous ferons sur le marché, mais nous en avons plein les bras actuellement avec tous les projets que nous avons», a dit M. Hachey, en faisant allusion au CRJ1000, au Learjet 85 et à la CSeries, la future gamme d'avions commerciaux de 100 à 149 places de Bombardier.

L'action de Bombardier a clôturé à 4,87 $ jeudi, en baisse de 2,4%, à la Bourse de Toronto.