Bombardier Aéronautique (t.bbd.b) a profité du Salon aéronautique du Bourget hier pour annoncer le choix de 17 fournisseurs de plus pour sa nouvelle famille d'appareils de 110 à 130 places.

On compte parmi eux l'entreprise montréalaise CAE [[|ticker sym='t.cae'|]] , qui réalisera un premier simulateur de vol complet pour la CSeries, mais qui fournira également une série de services d'ingénierie et d'outils de stimulation qui faciliteront la conception et le développement de l'appareil.

«C'est un nouveau domaine pour nous, a déclaré le président et chef de la direction de CAE, Robert Brown. Nous espérons que ça va changer le cycle de développement.»

Il a rappelé que le programme de développement du Boeing 787, le Dreamliner, avait connu d'énormes délais en raison de divers problèmes qui s'étaient présentés au cours du développement et de la fabrication de l'appareil. La simulation pourrait permettre de détecter ces problèmes et de les corriger au tout début du processus.

«Nous espérons contribuer à faire diminuer le risque», a déclaré M. Brown.

CAE entreprendra immédiatement le travail. L'entreprise devrait livrer le simulateur de développement et d'essais à Mirabel en 2010. Le simulateur de vol et d'autres dispositifs de formation devraient être prêts en 2013.

Un autre gain

La participation de CAE au programme de la CSeries constitue un autre gain pour le Québec. Pratt&Whitney fabriquera le moteur dans une nouvelle usine à Mirabel. Les installations de Bombardier à Saint-Laurent réaliseront le poste de pilotage et le fuselage arrière et Bombardier installera l'usine d'assemblage final et le centre d'essais à Mirabel.

Toutefois, Bombardier a rejeté la proposition de l'entreprise québécoise Mecachrome pour la fabrication du pylône et a attribué cette tâche à une entreprise de Wichita, Spirit AeroSystems, ancienne filiale de Boeing.

Le pylône est une composante qui relie le moteur à l'aile. Dans le cadre du projet initial de la CSeries, c'est Mecachrome qui devait réaliser cet élément. Or, Mecachrome a connu de sérieux problèmes financiers, notamment en raison des délais qui ont marqué les programmes de l'Airbus A380, du Boeing 787 et de l'Airbus A400 M. L'entreprise s'est placée sous la protection de la Loi sur les arrangements avec les créanciers des compagnies en décembre dernier et le Fonds de solidarité FTQ a volé à son secours avec un investissement de 30 millions de dollars.

Le président de Bombardier Aéronautique, Guy Hachey, a affirmé que ce n'était pas cette situation qui avait amené l'avionneur à choisir Spirit plutôt que Mecachrome.

«C'est sûr que la situation financière est toujours une considération, mais nous regardons du côté des entreprises qui sont capables de supporter des travaux de cette ampleur, qui peuvent faire des investissements même dans des périodes difficiles comme maintenant, a-t-il déclaré en entrevue avec La Presse Affaires. Spirit a de l'expérience avec des avions de ligne, elle avait la capacité de faire le travail avec un minimum de risque.»

Bombardier a également choisi l'entreprise belge Sonaca pour réaliser les bords d'attaque des ailes de la CSeries. Sonaca a une filiale à Mirabel, Sonaca Montréal, mais cette dernière ne participera pas au projet. Le directeur des activités nord-américaines de Sonaca, Michel Milecan, a rappelé que l'usine de Mirabel se spécialisait dans les structures en aluminium, alors que les bords d'attaques seront réalisés en matériaux composites. Les travaux s'effectueront donc en Belgique.

M. Milecan a cependant précisé que c'était grâce aux excellentes relations tissées entre Bombardier et Sonaca Montréal que Sonaca avait pu se faire valoir. Il a indiqué que Sonaca avait dû se battre contre des entreprises de pays développés et de pays émergents.

«Je suis content que Bombardier ait accepté une offre équilibrée, peut-être pas la moins chère, mais la meilleure.»

Les autres fournisseurs annoncés hier viennent tous des États-Unis, sauf l'allemande Liebherr-Aerospace, pour les trains d'atterrissage, l'italienne Magnaghi&Salver, pour les volets, et la britannique Senior Aerospace, pour les conduites d'air.

En conférence de presse hier, les responsables de la CSeries ont souligné que le programme suivait l'échéancier prévu.

M. Hachey a expliqué à La Presse Affaires que les transporteurs avaient été échaudés par les délais qui avaient caractérisé le développement du Boeing 787 et de l'Airbus A380.

«Nous voulons montrer que nous sommes très disciplinés», a-t-il déclaré.

Le président de Bombardier Avions commerciaux, Gary Scott, a rappelé que Boeing s'était donné un échéancier «agressif» de 48 mois pour développer le 787, alors que Bombardier s'est donné 63 mois pour la CSeries.

La première pelletée de terre des nouvelles installations de Bombardier à Mirabel aura lieu l'automne prochain. À l'heure actuelle, plus d'un millier de personnes travaillent au projet chez Bombardier, soit 820 à Montréal et 270 à Belfast.