Chrysler a constaté samedi l'échec de ses négociations avec le syndicat de l'automobile canadien, mais les deux parties ont manifesté leur volonté de discuter jusqu'au 31 mars, date butoir pour un accord qui permettrait au groupe d'obtenir une aide d'Ottawa.

Le constructeur automobile américain et le syndicat des Travailleurs canadiens de l'automobile (TCA) discutent d'un plan de réduction des coûts depuis lundi.

«Après plusieurs jours de négociations de bonne foi, Chrysler et TCA ne sont pas parvenus à un accord réduisant l'écart de compétitivité avec les autres constructeurs automobiles au Canada pour permettre à Chrysler d'être viable immédiatement», écrit le groupe américain dans un communiqué.

«Bien que nous ayons fait des progrès [...] des problèmes importants liés au +modèle+ actuel restent sur la table», ajoute ce texte publié par la maison mère de Chrysler.

«Nous continuons à discuter avec TAC pour résoudre ces problèmes de manière responsable», indique Chrysler dans ce bref communiqué.

Chrysler Canada doit s'entendre avec le syndicat d'ici à mardi s'il veut obtenir une aide d'environ 2,5 milliards de dollars américains proposée par le gouvernement canadien et celui de la province de l'Ontario.

Jusqu'ici, Chrysler n'avait pas commenté l'avancement de ces discussions.

Vendredi, le président de TCA, Ken Lewenza, avait donné une conférence de presse à Toronto et avait reconnu l'absence «d'accord de principe avec Chrysler». Il avait cependant ajouté que le syndicat était prêt à poursuivre les négociations jusqu'à la date butoir.

Dans son communiqué, Chrysler dit avoir indiqué «très clairement» au gouvernement canadien qu'il estime «son écart de compétitivité» avec les autres constructeurs présents au Canada à 19 dollars par heure de travail.

TCA est parvenu il y a deux semaines à un accord avec le premier constructeur automobile américain, General Motors, pour réduire fortement les coûts de cette entreprise au Canada.

Chrysler estime qu'un accord en des termes similaires à celui conclu entre TCA et GM ne lui permettrait pas de ramener les coûts de ses opérations au Canada au niveau des constructeurs asiatiques.

Le groupe, qui emploie 9 400 personnes au Canada, a averti il y a deux semaines qu'il pourrait se retirer de ce pays s'il n'obtient pas du syndicat des concessions pour réduire de 25% le coût du travail.

Chrysler et GM ont été secourus par le gouvernement américain, qui leur a alloué une aide de 17,4 milliards de dollars au total depuis décembre. Mais celle-ci s'avère encore insuffisante, et les deux groupes demandent encore à l'Etat 21,6 milliards de dollars supplémentaires pour pouvoir survivre.

Le président Barack Obama doit présenter lundi son plan d'aide aux constructeurs automobiles en difficulté. Le groupe de travail qu'il a mis en place spécialement pour cela devait en arrêter les dernières décisions au cours du week-end.

Jeudi, M. Obama a signalé qu'il était prêt à mettre plus d'argent pour sauver l'industrie automobile américaine de la faillite, mais il a réclamé en retour une restructuration «douloureuse» et «drastique».

L'Etat américain a en effet conditionné le déblocage d'une aide supplémentaire à ce que GM et Chrysler fassent la preuve de leur viabilité à long terme. Les deux groupes ont présenté au gouvernement le 18 février leurs plans de restructuration respectifs.

Bien qu'en difficulté également, le troisième grand constructeur automobile américain, Ford, compte s'en sortir sans l'aide de l'Etat.

Les «Trois Grands» de Détroit (nord des Etats-Unis) ont conclu en février des accords préliminaires avec le syndicat des ouvriers de l'automobile américain UAW devant les aider à se restructurer.