Classées par le Forum économique mondial comme étant les plus solides, les banques canadiennes peuvent résister aux importantes perturbations économiques parce qu'elles ont réagi plus rapidement que leurs concurrentes lorsqu'est venu le temps d'augmenter les marges de capital, selon l'organisme de réglementation du secteur bancaire au Canada.

«Les banques canadiennes sont en mesure de supporter de grands traumatismes, en partie parce que les normes de fonds propres ont été maintenues à un niveau élevé», a affirmé Julie Dickson, du Bureau du surintendant des institutions financières (BSIF), en entrevue à l'agence Bloomberg.

«Elles sont extrêmement bien positionnées et assurément plus solides qu'elles l'étaient à l'aube de la crise de 2008.»

Solvabilité

Mme Dickson a indiqué qu'elle n'avait constaté aucun signe de diminution de la solvabilité des banques du pays au cours des derniers mois, dans un contexte de crise de la dette européenne et au moment où les signes de faiblesse de l'économie américaine sont de plus en plus présents.

Le BSIF a joué un rôle dans la préservation de la solidité du système financier canadien, exigeant des banques qu'elles maintiennent des normes de fonds propres plus élevées que celles stipulées par le Comité de Bâle sur le contrôle bancaire, division de la Banque des règlements internationaux basée à Bâle, en Suisse.

Le Comité a invité les banques de tous les pays à terminer d'ici 2019 la mise en oeuvre des mesures dites de Bâle III visant l'augmentation des normes de fonds propres. Julie Dickson a pour sa part demandé aux banques canadiennes d'atteindre cet objectif dès l'année prochaine.

Les banques canadiennes occupaient, en mai dernier, 4 des 10 premières positions du classement annuel des banques les plus solides du monde du magazine Bloomberg Markets. La Banque canadienne impériale de commerce (CIBC) a décroché le troisième rang, suivie par la Banque Toronto-Dominion (TD) en quatrième place, la Banque Nationale du Canada en cinquième et la Banque Royale du Canada en sixième position.

Mme Dickson se préoccupe tout de même du risque de complaisance: «Lorsqu'on s'installe dans une zone de confort - que j'appelle complaisance -, c'est tout sauf une bonne idée».

Prêts hypothécaires

Le plus important risque auquel fait actuellement face le système financier canadien est l'endettement croissant des ménages, a affirmé Mme Dickson, qui ajoute que les efforts de Jim Flaherty, ministre des Finances, contribueront à mieux gérer le problème, même si cela ralentit la croissance.

À elles seules, les nouvelles règles pour les prêts hypothécaires auront les mêmes conséquences sur le marché immobilier qu'une augmentation des taux d'intérêt de 1,5 à 2%, selon David Tulk, économiste chez Valeurs Mobilières TD. Ces changements pourraient aussi réduire la croissance de l'économie canadienne de 0,1% cette année et de 0,2% en 2013.

«Il s'agit d'assumer un fardeau à court terme afin de réaliser des gains à long terme, explique Julie Dickson. Lorsqu'il est question du marché de l'habitation canadien, le plus grand problème demeure l'impact individuel sur les Canadiens. Les banques, elles, peuvent en prendre...»