Après 12 ans comme président du Canadien de Montréal, Pierre Boivin passe à une autre étape de sa vie professionnelle. Ayant refusé des offres de plusieurs équipes de la LNH, il deviendra en septembre président et chef de la direction de Claridge, la société d'investissement de l'homme d'affaires Stephen Bronfman.

« Le secteur des capitaux privés m'intéresse depuis longtemps, même si ce n'est pas tellement connu, car les gens te voient d'un certain profil quand tu es président du Canadien, a dit Pierre Boivin en entrevue à La Presse. J'ai siégé sur plusieurs conseils d'administration, j'ai fait des investissements personnels, j'ai agi comme aviseur-opérateur avec des fonds d'investissement privés à Montréal. J'avais clairement un intérêt pour le secteur des capitaux privés. »

Pierre Boivin et Stephen Bronfman ont bien failli travailler ensemble chez le Tricolore. En 2009, Claridge a soumis une offre d'achat pour le Tricolore à George Gillett, qui a finalement vendu l'équipe au consortium mené par la famille Molson. Deux ans plus tard, Stephen Bronfman engage Pierre Boivin pour diriger sa société d'investissement privée.

« Je suis très content que Pierre se joigne à l'entreprise, dit Stephen Bronfman. Ça fait un bon 15 ans que je le connais et j'ai un grand respect pour lui. Quand on fait des transactions, on cherche toujours ce qu'on peut amener à une entreprise, mais on ne la gère pas au quotidien. Ce que j'aimais avec la possibilité d'acheter le Canadien, c'est qu'il y avait une excellente équipe de direction en place. Pierre est vraiment parfait pour travailler avec nous. C'est un leader d'équipe qui a plusieurs expériences dans le monde des affaires. »

Pierre Boivin confirme avoir refusé au cours des derniers mois plusieurs offres pour gérer des équipes de la LNH, sans préciser lesquelles. « J'avais décidé, pour des raisons personnelles, que je voulais rester à Montréal, dit-il. Tu es établi, les petits enfants s'en viennent, tu fais des choix de vie. Comme j'avais décidé que je restais à Montréal, la réponse était facile. Mais comme je leur disais, le CH, je l'ai tatoué sur le coeur pas mal. Je me voyais difficilement prendre pour une autre équipe le samedi soir... »

Stephen Bronfman croit que l'arrivée de Pierre Boivin permettra à Claridge, une société d'investissement privée surtout présente dans le divertissement, l'alimentation et l'immobilier, de prendre de l'expansion. « C'est un nouveau départ pour Claridge. Nous voulons monter à un autre niveau, être l'une des meilleures sociétés d'investissement privées en Amérique du Nord. Nous voulons maximiser nos investissements existants et faire des grosses acquisitions au Québec, au Canada et en Amérique du Nord », dit M. Bronfman, qui restera président du conseil d'administration de Claridge.

Pierre Boivin est ravi de son nouveau défi professionnel. « On arrive à une nouvelle ère partout dans le monde dans le marché des capitaux privés, dit-il. Avec la reprise économique qui s'en vient, les économies ont besoin de capitaux mais aussi de gestionnaires expérimentés. Nous pouvons apporter l'expérience et les compétences qu'une entreprise n'a pas pour se développer. Ce qui est important, c'est d'identifier les secteurs porteurs pour l'avenir ainsi que les entreprises du Québec et d'ailleurs au Canada pouvant être des leaders dans ces secteurs et ayant un potentiel de développement mondial. »

Pierre Boivin laissera la présidence du Canadien de Montréal au copropriétaire de l'équipe Geoff Molson le 30 juin prochain. Ce changement à la direction du Tricolore avait été annoncé en juillet dernier. Pierre Boivin restera membre du conseil d'administration du Tricolore et président de la Fondation du Canadien pour l'enfance. « J'ai passé 12 années extraordinaires avec le Canadien, dit-il. Je n'ai que des bons souvenirs, et vraiment aucun regret. »

Même sans Coupe Stanley, le règne de Pierre Boivin chez le Tricolore a été couronné de succès au plan financier. Ancien président de Bauer Nike Hockey, Pierre Boivin a été nommé président du Canadien en 1999, succédant à Ronald Corey. Deux ans plus tard, l'homme d'affaires américain George Gillett achetait 80,1% de l'équipe et du Centre Molson pour 275 millions. En juin 2009, M. Gillett a revendu le Tricolore, le Centre Bell et le promoteur de spectacles evenko pour 575 millions au consortium mené par Geoff Molson.

Selon Radio-Canada, Claridge aurait soumis la troisième meilleure offre (525 millions) sur quatre à George Gillet pour acheter le Canadien, des chiffres non confirmés par l'entreprise privée. Deux ans plus tard, Stephen Bronfman n'a pas de regrets. « Ç'aurait été intéressant (d'acheter le Canadien), dit-il. On avait un partenariat intéressant. Mais comme toutes nos transactions, c'est un business deal. On avait un prix. Dès que ça dépassait ce prix, ça ne faisait plus de sens pour nous. »