ING Direct, la principale banque virtuelle au pays, et la pionnière en ce domaine, lance un nouveau pavé dans la mare financière de ses concurrents traditionnels: elle crée un compte-chèques sans frais.

Ce compte, appelé ENTR@IN, permettra à son titulaire de déposer, retirer ou transférer des fonds, de faire des chèques, de payer des factures sur l'internet. «Vous pourrez même afficher gratuitement vos chèques à l'écran», insiste Marianne Tadros, directrice d'ING Direct pour le Québec.

Le consommateur pourra faire sans frais l'essentiel des transactions d'un compte-chèques traditionnel, à la principale exception du paiement de factures au guichet automatique. Le compte pourra afficher temporairement un solde négatif de 250$ sans frais ni pénalité, dans la mesure où ce découvert est remboursé dans un délai de 30 jours.

Le compte ENTR@IN versera également des intérêts. «Si vous déposez entre 1$ et 50 000$, on paie 0,25%, précise Marianne Tadros. Il faut admettre que ce n'est pas beaucoup mais c'est mieux que zéro. Si vous déposez plus de 50 000$, l'intérêt est de 1%.»

Les dépôts, retraits et transactions seront effectués sans frais dans les 2400 guichets automatiques du réseau The Exchange. Au Québec, ce réseau de près de 800 guichets, correspondra pour l'essentiel à celui de la Banque Nationale, lequel en compte 791. Paradoxalement, lorsque ce guichet sera adjacent à une succursale, ce sont les employés de la Banque Nationale qui traiteront les dépôts en argent comptant faits dans les comptes de leur concurrent virtuel. Cet échange de bons procédés entre membres du même réseau est dûment tarifé.

Le 14 septembre, 10 000 clients actuels d'ING Direct seront invités à faire l'essai de ce nouveau service. Il sera offert à tous les Canadiens d'ici le début 2011.

Les frais bancaires

Mené pour l'occasion pour ING Direct, un sondage Angus-Reid a révélé que les Canadiens paient en moyenne 185$ par année en frais bancaires, et que 66% d'entre eux estiment leurs frais injustes.

«On comprend la frustration des consommateurs canadiens à l'égard des frais bancaires très élevés, a commenté Karine Robillard, avocate et conseillère budgétaire chez Option consommateurs. On salue l'arrivée d'un produit sans frais, en souhaitant qu'il y ait un peu plus de concurrence sur le marché.»

Ce montant a néanmoins surpris tant le Mouvement Desjardins que la Banque Nationale, qui soutiennent tous deux que près de la moitié de leurs clients ne paient aucuns frais bancaires. «Notre moyenne est d'environ 85$», a indiqué Nathalie Genest, porte-parole de Desjardins.

Un défi

«L'avantage pour nous, en lançant ce compte-chèques, c'est que les Canadiens peuvent effectuer toutes leurs transactions bancaires quotidiennes chez ING Direct, a affirmé Marianne Tadros. Plus besoin d'un compte bancaire externe.»

Face à ce qui ressemble à un défi, les institutions financières traditionnelles sont vigilantes, mais ne manifestent pas d'inquiétude. Elles tablent sur l'étendue de leurs services et sur les relations personnelles.

«On privilégie l'approche conseil, a déclaré Éric Paquet, directeur principal aux solutions transactionnelles aux particuliers. L'histoire nous démontre que ce type de compte plafonne rapidement.»

Au Canada anglais, President's Choice Financial, le bras financier de Loblaws, offre déjà un compte-chèques sans frais, mais ce service ne s'étend pas encore au Québec.