La banque américaine JPMorgan Chase (JPM), l'une des rares à avoir solidement résisté à la crise financière, a annoncé jeudi pour le deuxième trimestre consécutif des résultats meilleurs que prévu grâce à une réduction des défauts de crédit, mais s'est montrée prudente pour l'avenir.

Au deuxième trimestre 2010, le bénéfice net ressort à 4,8 milliards de dollars, soit une hausse de près de 80% par rapport à un an plus tôt. Par action et hors exceptionnels, il s'affiche à 1,09 dollar, contre 71 cents estimés par les analystes. C'est quasiment quatre fois mieux qu'un an plus tôt.

Quant au produit net bancaire, les analystes tablaient sur 25,3 milliards de dollars, soit un peu plus qu'obtenu (25,1 milliards).

«Nous enregistrons une solide performance dans nos activités», se réjouit le PDG de JPMorgan, Jamie Dimon, cité dans un communiqué.

«Au final, ces résultats ne sont pas si bons que ça. Le bénéfice a grimpé parce qu'ils ont pris de l'argent dans leurs réserves», a commenté l'analyste Dick Bove de la Rochdale Securities.

Le résultat net inclut en effet un montant de 1,5 milliard de dollars résultant de la réduction des pertes essuyées dans les portefeuilles de crédit aux particuliers.

«Quoique nous apprécions le fait de voir les prêts à la consommation et les défauts de paiements baisser, ils restent néanmoins à des niveaux extrêmement élevés», relativise M. Dimon, jugeant qu'il encore très tôt pour prédire de l'amélioration dans ce secteur.

L'action JPMorgan progressait de 0,94% à 40,35 dollars vers 13H30 GMT jeudi dans les échanges électroniques d'avant Bourse à Wall Street.

Le ralentissement des pertes dues aux prêts pourris a permis à JPMorgan Chase, la deuxième banque américaine en termes d'actifs, de contrebalancer un printemps difficile pour ses salles de marché et ses activités d'investissement.

La banque a en effet précisé que ses pertes sur les crédits à la consommation, les prêts immobiliers, les cartes de crédit avaient reculé au deuxième trimestre à la fois par rapport aux trois premiers mois de l'année et par rapport au deuxième trimestre 2009.

Se tournant vers l'avenir, M. Dimon se montre quelque peu prudent, notamment en raison du projet de loi de régulation financière qui devrait être voté aux Etats-Unis dans les prochains jours.

«Beaucoup de défis et d'incertitudes demeurent, qui peuvent avoir des conséquences inattendues pour nos clients, les marchés et les activités», prévient-il, soulignant que JPMorgan va continuer à investir.

«Nous continuons à faire ce qui est raisonnablement possible pour contribuer au redressement de l'économie», avance-t-il.

M. Dimon avait déjà prévu qu'une régulation financière trop accentuée pourrait coûter entre 700 millions et 1 milliard de dollars à sa banque.

Les activités de banque d'investissement du groupe, qui avaient largement dopé les résultats au premier trimestre, ont affiché des revenus en baisse à 6,33 milliards, contre 7,30 milliards un an plus tôt.

Idem pour l'autre grande division, la banque de détail, dont les revenus s'établissent à 7,80 milliards, contre 7,97 milliards de dollars.

La taxe britannique sur les bonus bancaires 2009 a coûté 550 millions de dollars à JP Morgan Chase, la première banque américaine à annoncer ses résultats. Vendredi, ce sera au tour de ses rivales Citigroup et Bank of America Merrill Lynch.

JPMorgan a par ailleurs décidé de ne pas annoncer de dividende, préférant se consacrer pour l'instant au rachat de ses actions, a indiqué au cours d'une conférence de presse téléphonique Michael Cavanagh, l'un de ses responsables.

Au deuxième trimestre, JPMorgan a ainsi racheté pour 500 millions de dollars ses actions. Avant de distribuer un dividende, «on veut d'abord voir une amélioration significative de l'état de l'économie», a expliqué M. Cavanagh.