La Caisse de dépôt et placement du Québec pourrait perdre 285 millions de livres anglaises (508 millions CAN) sur une dette assortie d'une garantie concernant les propriétés londoniennes de l'investisseur Simon Halabi après que leur valeur eut chuté d'environ 50%, selon deux personnes au fait du dossier.

La Caisse possède la portion de second rang d'un prêt de 1,45 milliard de livres assorti d'une garantie adossée aux neuf édifices de bureaux de M. Halabi, ont précisé les sources qui ont requis l'anonymat parce que l'information n'est pas de nature publique.

La partie de premier rang du prêt, soit 1,15 milliard de livres, a été transformée en valeurs adossées à des hypothèques commerciales en 2006. Les détenteurs d'obligations, qui sont en défaillance, viennent au premier rang lorsque la dette est remboursée. Les paiements d'intérêts au prêteur subalterne ont déjà cessé.

La valeur des propriétés commerciales au Royaume-Uni ont chuté de 44% depuis le sommet atteint à la mi-2007, d'après Investment Property Databank Ltd. Des prêts d'une valeur d'environ 230 milliards de livres ont été consentis pour les propriétés commerciales au Royaume-Uni, selon une recherche de l'Université De Montfort établie à Leicester.

«Le prêt de premier rang lui-même est déjà mal en point», selon Gioia Dominedo, de l'équipe CMBS de Fitch's, à Londres. «Les valeurs des propriétés devraient revenir à leur niveau de départ pour que le prêt senior retrouve toute sa valeur, sans parler du prêt junior», ajoute l'analyste.

MCR, firme de restructuration d'entreprises, a obtenu un contrat le 21 août dernier pour liquider l'entreprise londonienne de conseil en matière de propriétés de M. Halabi, Buckingham Securities Holdings. Kamlesh Bathia, le directeur financier de Buckingham, n'a pas répondu aux appels ni aux courriels pour obtenir des commentaires. François Gaboury, porte-parole de la Caisse, a refusé de commenter l'affaire.

Les propriétés de M. Halabi, qui comprennent les bureaux londoniens de JPMorgan Chase & Co., étaient évaluées à 1,8 milliard de livres lorsque le prêt de premier rang a été transformé en obligations. En juin dernier, leur valeur avait été ramenée à 929 millions de livres.

Les paiements d'intérêts sur le prêt de second rang ont été interrompus le 15 juillet dernier lorsque le prêt de premier rang devait être remboursé, précisait CB Richard Ellis Group Inc. dans un communiqué émis lundi dernier. Les fiducies de M. Halabi ne sont pas en mesure de refinancer la dette et il est vraisemblable que les propriétés seront vendues, avait indiqué Fitch Ratings Ltd. en juin dernier.

«Nous obtenons tous les avis pertinents et nécessaires pour établir une stratégie visant à maximiser la récupération», a fait savoir CB Richard Ellis Inc., le gestionnaire de la dette.

La Caisse a inscrit une moins-value latente de 5,7 milliards de dollars canadiens sur ses actifs immobiliers pour la première moitié de l'exercice, ce qui a effacé le gain de 5% sur ses autres investissements, selon un communiqué émis le 11 août dernier. La Caisse a fait savoir qu'elle songeait à renoncer aux activités dans le secteur des prêts subordonnés.