Québec veut intervenir plus directement à l'avenir lorsque des entrepreneurs québécois songent à vendre leur entreprise à des intérêts extérieurs à la province.

Il reste à définir comment et jusqu'à quel point le gouvernement Couillard compte agir en ce domaine.

La ministre de l'Économie, Dominique Anglade, dit qu'elle aurait souhaité «dans un monde idéal» qu'un entrepreneur québécois reprenne les rênes du Groupe St-Hubert, mais la direction de l'entreprise a préféré vendre à l'Ontarienne Cara.

L'annonce de la transaction de 537 millions a été faite jeudi par le grand patron de St-Hubert, Jean-Pierre Léger, qui a dit vouloir assurer ainsi la pérennité du fleuron québécois de la restauration.

En entrevue téléphonique, Mme Anglade a dit qu'elle aimerait à l'avenir voir le gouvernement jouer «un rôle plus proactif», avec «plus de cohérence» avec l'ensemble des institutions, qu'il s'agisse de la Caisse de dépôt et placement ou d'Investissement Québec, nommément, pour éviter dans la mesure du possible ce genre de situation.

«On a des moyens d'agir lorsque l'on souhaite agir», dit la ministre, qui veut aussi s'attaquer au problème de la relève entrepreneuriale, pour limiter la vente d'entreprises québécoises à des intérêts extérieurs.

Car la vraie question qui se pose quand on évalue ce type de transaction, «la question la plus fondamentale, c'est comment demain matin notre société arrive à créer le prochain monsieur Léger qui va lancer le prochain St-Hubert», estime la ministre, qui promet des réponses dans la future stratégie économique qu'elle devrait rendre publique dans les prochaines semaines.

«L'entrepreneuriat, c'est le nerf de la guerre», a affirmé la ministre, en cherchant à se faire rassurante, citant des chiffres démontrant que le «Québec inc.» est davantage «prédateur» que «proie».

Depuis 2010, note-t-elle, sur le nombre total d'acquisitions enregistrées, les entreprises québécoises ont effectué 258 transactions hors Québec, tandis que 85 sociétés étrangères ont acquis des entreprises québécoises.

«Le bilan net: on est plus des prédateurs, on est plus à la conquête», a commenté la ministre, qui veut se montrer plus proactive, mais qui ne juge pas nécessaire pour autant de réglementer en ce domaine.

Les partis de l'opposition ont quant à eux dénoncé la transaction, perçue comme une perte pour l'économie québécoise.

Le chef de l'opposition officielle, Pierre Karl Péladeau, a déploré «l'indifférence» du gouvernement Couillard en matière d'économie et son manque de détermination à conserver au Québec les sièges sociaux des entreprises québécoises.

«On dirait qu'avec lui le Québec est à vendre», selon M. Péladeau.

Le chef de la Coalition avenir Québec, François Legault, estime quant à lui que la vente de St-Hubert constitue un autre symbole «du déclin tranquille de notre économie».

Car l'achat de St-Hubert par l'entreprise ontarienne Cara «est une triste nouvelle pour le Québec», qui devient de plus en plus «une économie de succursales, plutôt qu'une économie de propriétaires», selon lui.