Le Canada et 11 pays se sont entendus sur le Partenariat transpacifique (PTP). Pour le Québec, l'intérêt de ce traité de libre-échange est notamment d'ouvrir les frontières du Japon, un pays développé de 127 millions de personnes qui maintient des tarifs élevés sur les produits agricoles et les biens manufacturés.

En contrepartie, Québec subira la concurrence de pays dont la main-d'oeuvre est bon marché, comme le Viêtnam. Qui seront les gagnants et les perdants? 

Producteurs de porc

Avec le PTP, le Canada reste sur le même pied que les Américains en ce qui a trait à l'accès au marché du Japon. «La réaction dans l'industrie est unanime», dit Jacques Létourneau, président de Canada Porc international. Le tarif de 4,3% sera progressivement éliminé. Le Québec rattrapera ainsi deux pays du PTP, le Mexique et le Chili, qui profitaient d'un traitement préférentiel. De grands exportateurs porcins, le Brésil et le Danemark, deviennent désavantagés, puisqu'ils ne sont pas signataires du Partenariat. Le Canada a exporté 2,3 milliards de dollars en 2014 vers les marchés du PTP, dont 41% à destination du Japon. Le Québec est le deuxième producteur de porc au pays.

Bois d'oeuvre et pâtes et papiers

Le bois et les produits forestiers sont frappés de taux pouvant atteindre 10% au Japon, 31% au Viêtnam, voire 40% en Malaisie. Les exportations canadiennes de bois et de produits forestiers atteignent 20,4 milliards par année. Le Québec produit 32% des pâtes et papiers au Canada et arrive derrière la Colombie-Britannique pour le bois. Le Canada exporte pour 22 milliards, «et ce chiffre est appelé à augmenter grâce à la nouvelle entente», s'est réjouie l'Association des produits forestiers du Canada (APFC) dans un communiqué.

Aluminium

Une fois signé, le PTP fera disparaître les tarifs de 7,5% au Japon et de 5% en Australie sur les lingots d'aluminium importés. Mais contrairement à d'autres industries, le gain majeur ne se trouve pas au Japon, où la démographie vieillissante limite la croissance. Les marchés porteurs sont plutôt la Malaisie et le Viêtnam (120 millions de personnes à eux deux), explique Jean Simard, président et chef de la direction de l'Association de l'aluminium du Canada. «Plus une économie se développe, plus elle a besoin d'aluminium», soutient-il.

Aérospatiale

Les droits de douane de 5% sur les moteurs d'avion tomberont en Australie dès que le Partenariat entrera en vigueur; idem pour les tarifs de 5% imposés par la Nouvelle-Zélande sur les sièges d'avion. Le Québec, sixième producteur mondial de matériel aérospatial, a notamment l'oeil sur Singapour, devenu une plaque tournante dans l'entretien des avions.

«Le Canada est le seul pays qui fait partie du PTP qui a une entente avec les États-Unis, l'Europe et l'Asie. Une société française du domaine qui veut faire affaire en Asie pourrait choisir le Canada», explique Suzanne Benoît, PDG d'Aéro Montréal, grappe aérospatiale du Québec.

Petits fruits et érable

Les 75 membres de l'Association des producteurs de canneberges ont souligné la conclusion d'une entente entre les 12 pays du PTP. Les droits de douane touchant les producteurs et transformateurs de canneberges varient de 5 à 30% selon les pays. Le Québec est le deuxième producteur mondial de canneberges, avec 241 millions de livres. Le Syndicat des producteurs de bleuets voit dans l'entente de principe une occasion pour ses 400 membres d'accroître leurs parts de marché en Asie, en particulier au Japon. Pour le sirop d'érable, les droits de douane de plus de 17,5% seront éliminés sur une période de trois ans au Japon. Ce pays représente le deuxième importateur des produits de l'érable.

La gestion de l'offre et le secteur automobile

Le Canada était sous pression pour ouvrir son marché du lait, des oeufs et de la volaille. Les provinces de l'est du Canada s'y opposent fermement. Le PTP donne un accès supplémentaire aux produits étrangers suffisant pour couvrir 3,25% des besoins du pays en produits laitiers et de volaille. En contrepartie, le pays a obtenu une compensation financière destinée à ses producteurs touchés. Dans le domaine de l'auto, le syndicat Unifor clame que le Canada perdra 20 000 emplois à cause du PTP et de la diminution des exigences des règles de contenu.