Ce n'est pas congé pour tout le monde lundi. Les employés d'Ubisoft affectés à la production du prochain épisode de la série Assassin's Creed, dans les studios de Montréal et de Québec, ont été invités au travail, et la compensation qu'ils recevront en échange pourrait ne pas respecter la loi.

Le sujet est délicat et les langues sont difficiles à délier, mais La Presse a pu confirmer que des employés de Québec et de Montréal des studios d'Ubisoft devront se présenter au travail aujourd'hui.

Assassin's Creed Syndicate doit paraître le 23 octobre prochain et, déjà, le temps commence à presser. C'est d'autant plus vrai que se profile un autre échéancier très important, celui de l'Electronic Entertainment Expo (E3), la plus grande foire annuelle de l'industrie du jeu vidéo, qui se tiendra du 16 au 18 juin prochain, à Los Angeles. Cet événement est un incontournable dont les conséquences, positives ou négatives, peuvent être majeures pour la promotion d'une production du genre d'Assassin's Creed.

Selon nos informations, ce n'est pas la première fois que des équipes affectées à la série Assassin's Creed doivent se priver du congé de la Journée nationale des patriotes, voire de ceux de la Saint-Jean-Baptiste et de la fête du Canada.

QUESTION DE COMPENSATION

Une entreprise est en droit de demander à ses employés de travailler un jour férié, confirme Jean-François Pelchat, porte-parole de la Commission des normes du travail. Mais la demande suscite quand même la grogne chez certains employés, surtout à cause du flou qui entoure la compensation versée en échange.

Selon Ubisoft, cette compensation prend la forme d'une journée de congé ajoutée à la banque de l'employé dès le lendemain du jour férié. Ce n'est pas ce que prévoit la Loi sur les normes du travail.

Celle-ci offre deux options à l'employeur. En plus du salaire normal pour la journée fériée travaillée (taux simple), il doit offrir soit une indemnité en argent correspondant à une journée de travail, soit une autre journée de congé.

Dans cette deuxième option, la loi prévoit que le congé « doit être pris dans les trois semaines précédant ou suivant » le jour férié travaillé. Ce n'est pas exactement ce qu'offre Ubisoft.

« La banque de temps n'est pas une option. », dit M. Pelchat.

Selon différents témoignages recueillis par La Presse auprès d'employés, ce n'est généralement qu'en fin de projet, le plus souvent à l'automne et bien après le délai de trois semaines, que ces journées de congé sont rattrapées chez Ubisoft.

UNE PARTIE D'UN GÉNÉREUX ENSEMBLE

Selon le vice-président aux ressources humaines et aux communications d'Ubisoft à Montréal, Cédric Orvoine, il n'est obligatoire pour personne de rentrer au travail aujourd'hui.

« On demande aux gens qui le peuvent de venir donner un effort, explique-t-il. Ce n'est pas obligatoire et il n'y a pas de directive d'entreprise. »

Surtout, rappelle-t-il, il faut considérer la compensation offerte non pas de façon séparée, mais comme faisant partie d'un tout souvent cité en exemple.

« Il faut avoir une perspective plus large, moins bureaucratique. Nous dépassons le minimum sur des dizaines et des dizaines d'autres aspects. Ici, si un employé ou son enfant est malade, il peut rester chez lui, ce n'est pas enlevé de sa paie et on ne lui enlève pas une journée de congé. Il n'y a personne qui "punche" et nous sommes l'entreprise de jeux vidéo qui donne les plus gros bonus quand les projets sont profitables.

« Faire un jeu vidéo, c'est compliqué. On travaille dans un cadre qui nécessite une certaine forme de flexibilité. Parfois, on demande aux gens un effort supplémentaire. Parfois, c'est l'entreprise qui en fait plus. »