Mission accomplie pour les gestionnaires de Mimetogen. La petite société de biotechnologies de Montréal s'entend avec Bausch & Lomb et lui accorde une option de licence pour son produit-phare, le MIM-D3.

Mimetogen plante ainsi un nouveau jalon sur le chemin qui pourrait mener un jour à la commercialisation de son traitement pour la sécheresse oculaire, un problème qui touche 25 millions d'Américains et dont le marché est évalué à 2,5 milliards de dollars.

Par cet accord, l'entreprise met immédiatement la main sur une somme qui s'élève à des «millions de dollars», selon le chef des finances de l'entreprise, François Mongrain. «Les actionnaires sont bien contents», se limite-t-il à ajouter.

Et pour cause! Grâce à l'entente, ces derniers n'auront pas à financer en totalité la prochaine étape à laquelle se frottera le MIM-D3, soit une première étude pivot de phase III auprès de 400 individus.

Une étape susceptible de coûter environ 15 millions, selon François Mongrain.

Advenant que les résultats de cette étude soient positifs, Bausch & Lomb pourra acquérir une licence mondiale exclusive pour commercialiser le MIM-D3. S'il devait aller de l'avant, le géant de l'ophtalmologie payerait alors tous les coûts associés à une seconde et ultime étude pivot de phase III, en plus de tous les frais associés au dépôt des dossiers d'homologation auprès des autorités réglementaires.

Et si ces dernières lui donnaient ensuite leur approbation, Bausch & Lomb pourrait alors commercialiser le produit, moyennant le versement de paiements d'étape et de redevances à Mimetogen.

Un modèle original

L'entente avec Bausch & Lomb couronne en partie les années d'efforts d'une poignée d'intervenants derrière Mimetogen, à commencer par ceux d'Uri Saragov, un chercheur affilié à l'Université McGill. C'est lui qui, au début des années 2000, a mis de l'avant une classe de molécules capables de «mimer» l'action du facteur de croissance appelé NGF pour Nerve Growth Factor.

De cette découverte est née Mimetogen en 2005. L'entreprise prend alors le pari d'être «virtuelle» et de croître en misant sur des entreprises de service du secteur des sciences de la vie. Ainsi, l'entreprise compte sur quatre salariés, dont un président établi à Boston et un chef des finances établi à Montréal.

Selon François Mongrain, la conclusion de l'entente entre son entreprise et Bausch & Lomb démontre non seulement que ce modèle est viable, mais aussi qu'il remplit ses promesses.

Un produit tout québécois

En accordant une option de licence à Bausch & Lomb, Mimetogen ne cède pas le produit de ses années de travail à une entreprise étrangère. En quelque sorte, le MIM-D3 demeure même «québécoisx.

C'est que Bausch & Lomb a été achetée en mai dernier par Valeant pour la somme de 8,7 milliards US. Le siège social de ce géant pharmaceutique élit maintenant domicile à Laval.

Malgré la coïncidence des événements, Valeant n'a pas participé directement à l'entente, selon François Mongrain et Teresa Panas, responsable des communications chez Bausch & Lomb. Cette dernière a toutefois indiqué que l'entreprise mère avait été informée au préalable de l'accord et qu'elle soutenait Bausch & Lomb dans ses démarches pour améliorer sa gamme de produits.