Une étape importante vient d'être franchie pour la survie de Yellow Média. En assemblée hier, créanciers et actionnaires ont voté en faveur du plan de restructuration de capital de l'éditeur surendetté des annuaires Pages Jaunes.

Les créanciers ont voté pour à 70,58%, tandis que les actionnaires ont donné un appui de 77,44%. Le décompte tient compte des voix exprimées autant par procuration, par anticipation que sur place, lors de l'assemblée qui s'est tenue au Palais des congrès de Montréal.

«Le vote a été serré, a dit Mark Meland, à la Presse canadienne. Meland défend les intérêts d'un groupe de porteurs de débentures convertibles qui s'oppose au plan de restructuration. Nous allons vérifier comment les votes ont été comptés.»

«Nous sommes heureux des résultats du vote, a dit pour sa part Marc P. Tellier, président et chef de la direction, dans un communiqué. L'approbation des créanciers et des actionnaires représente un pas essentiel vers la réalisation de la restructuration du capital.»

Environ une centaine de personnes ont assisté à chacune des deux assemblées et personne n'a parlé pendant la période de questions.

Yellow Média fait face à la décroissance rapide de ses activités traditionnelles d'annuaires téléphoniques imprimés. La société a entrepris d'offrir ses services de solutions média et marketing de façon numérique, mais la hausse des revenus en provenance du web ne compense pas la perte des ventes dans l'imprimé.

La société est aux prises avec une dette totale de 2 milliards. Près de la moitié de celle-ci vient à échéance d'ici 18 mois, ce qui constitue un risque de refinancement. Le titre a fini la journée en hausse de 2 cents hier, à 9 cents.

Prochaine étape

Tout n'est pas gagné pour Marc Tellier et son équipe. La mise en oeuvre de la restructuration, prévue d'ici la fin de septembre 2012, est conditionnelle à l'obtention de l'approbation de la Cour supérieure.  

Le groupe représenté par Me Meland entend s'opposer à l'approbation du plan de restructuration par le tribunal. La Cour doit en effet juger du caractère juste et raisonnable du plan proposé.

Qui plus est, Yellow Média et ses prêteurs bancaires, incluant la Caisse centrale Desjardins, se revoient devant le juge le 10 septembre. Ces banques ont entrepris des démarches juridiques pour que le tribunal déclare que l'accord de crédit conclu avec Yellow Média ne constitue pas une «valeur», au sens de la Loi canadienne sur les sociétés par actions.

En vertu de ce plan, la dette passerait de 2 milliards à 850 millions. Les actionnaires ordinaires et privilégiés se font diluer: 82,5% des nouvelles actions ordinaires aboutiront dans les mains des créanciers de l'entreprise.

Yellow Média avait menacé de se placer sous la protection de la Loi sur les arrangements avec les créanciers des compagnies si jamais son plan de restructuration échouait.

Histoire de dorer la pilule, la société a annoncé la bonification du nombre de nouvelles actions versées aux détenteurs de débentures convertibles mardi. Yellow Média avait alors indiqué qu'il multipliait par quatre le nombre de nouvelles actions ordinaires qu'elle verserait aux détenteurs de débentures subordonnées non garanties convertibles. Pour chaque tranche de 100$ de débentures, le créancier recevrait 50 nouvelles actions de Yellow Média plutôt que 12,5.

La restructuration du capital n'aura aucune incidence sur les clients, employés, fournisseurs et autres partenaires d'affaires, assure Yellow Média.

- Avec La Presse canadienne