Réagissant à une demande de recours collectif de 250 millions de dollars portant notamment sur ses activités en Libye, SNC-Lavalin (T.SNC) a assuré lundi qu'elle n'avait rien à se reprocher.

«La société nie toute responsabilité à l'égard des réclamations et des demandes présentées dans la requête et a l'intention de contester énergiquement la requête», a indiqué la multinationale montréalaise dans un communiqué.

La demande de recours collectif, déposée jeudi par le cabinet d'avocats Siskinds, allègue notamment que SNC a «permis» la publication d'«informations et représentations inexactes ou trompeuses» en rapport avec son code de conduite et ses mesures de contrôle interne.

Les demandeurs allèguent en outre que certains hauts dirigeants de SNC-Lavalin «auraient été impliqués dans des activités illicites en Libye».

Mardi dernier, le géant de l'ingénierie a révélé qu'il enquêtait sur des versements de 35 millions qui ont été imputés à des projets de construction «auxquels ils ne se rapportaient pas». La firme a de plus averti que ses profits nets pour 2011 allaient être 18 pour cent inférieurs aux perspectives qu'elle avait dévoilées il y a quelques mois.

Ce jour-là, l'action de la compagnie a dégringolé de 20%.

Selon la CBC, les mystérieux paiements de 35 millions sont liés aux projets de SNC-Lavalin en Libye. Le diffuseur public a mis la main sur une lettre de dénonciation anonyme envoyée à SNC en décembre et qui faisait état de pratiques criminelles non prouvées comme le versement de pots-de-vin.

Il aurait également été question de transferts d'argent de SNC-Lavalin vers les membres de la famille Kadhafi par le truchement de sociétés fictives.

Contrat

SNC a par ailleurs annoncé lundi avoir obtenu du géant minier Vale un contrat de gestion de projet, d'ingénierie, d'approvisionnement et de gestion de la construction dans le cadre des travaux de modernisation d'une fonderie de nickel située à Sudbury, en Ontario.

L'entreprise rénovera la fonderie de façon à réduire de 70% ses émissions de dioxyde de soufre et de 40 pour cent les particules de poussière et de métal qu'elle dégage.

Les travaux doivent débuter en avril 2012 pour être achevés vers la fin de 2015.

S'appuyant sur la norme générale pour des contrats de ce type, l'analyste Pierre Lacroix, de Valeurs mobilières Desjardins, a évalué lundi que SNC-Lavalin tirera des revenus d'environ 200 millions de ce projet, soit 10% de la facture totale de 2 milliards.

Le relation étroite entre SNC et Vale «pourrait conduire à de nouvelles occasions d'affaires étant donné que Vale a déjà fait part de son intention d'investir 10 milliards pour moderniser et agrandir ses installations canadiennes d'ici 2015», a écrit M. Lacroix dans une note.

Le contrat de Vale s'ajoute à un autre d'environ 425 millions octroyé la semaine dernière à SNC-Lavalin dans le cadre de la remise à neuf de la centrale nucléaire de Darlington, en Ontario.

«Nous continuons de prévoir que l'incertitude pèsera sur les actions de SNC jusqu'à ce que la compagnie termine son enquête interne (sur les paiements de 35 millions), a affirmé M. Lacroix. Par contre, les nouveaux contrats devraient rappeler aux investisseurs son savoir-faire, ses antécédents positifs et son grand bassin de clients potentiels.»

De son côté, l'analyste Maxim Sytchev, de la firme AltaCorp Capital, a souligné que la valorisation de SNC-Lavalin en Bourse avait atteint un plancher historique en comparaison avec ses pairs américains Fluor et Jacobs.

SNC-Lavalin a repoussé la publication de ses résultats financiers du quatrième trimestre et de l'année 2011, qui devaient être communiqués vendredi. Ils doivent maintenant être rendus publics avant le 30 mars.

En fin d'après-midi, lundi, l'action de SNC-Lavalin reculait de 1,3% pour s'échanger à 39,48 $, à la Bourse de Toronto.