Les mauvaises nouvelles économiques ont beau se succéder avec la parution, hier, des chiffres bien ordinaires sur le produit intérieur brut (PIB) du Québec en novembre, la communauté des gens d'affaires n'en démord pas. Il n'y aura ni catastrophe ni récession au Québec en 2012.

«Il n'y aura pas de feux d'artifice non plus», convient Simon Prévost, président de Manufacturiers et exportateurs du Québec, porte-parole d'un secteur de l'économie qui en a vu de toutes les couleurs ces dernières années.

«Évidemment, ça peut changer. Mais, selon ce que j'entends, le pire est passé. Dans les entreprises, je vois zéro découragement. On a même peut-être le meilleur contexte qu'on a connu depuis 2008», dit M. Prévost, tout à fait sérieusement.

Ce sentiment se retrouve chez Phamascience, une entreprise privée productrice de médicaments génériques et d'origine, qui a investi 38 millions en 2011 et qui accroît ses ventes de 10% par année, malgré la tourmente qui frappe le secteur pharmaceutique.

«On a en ce moment 100 postes à combler sur notre site internet», dit Benoît Lemelin, responsable des ressources humaines. «On profite du talent qui devient disponible», ajoute David Goodman, chef exécutif de l'exploitation, faisant allusion aux centres de recherche comme celui d'AstraZeneca, dont on a annoncé la fermeture récemment. En réaction à la diminution des prix dans les génériques du Canada, Pharmascience accentue ses efforts à l'international et dans le médicament d'origine. Elle emploie 1300 personnes au Québec, la forte majorité à Montréal.

De façon plus générale, les manufacturiers se réjouissent des nouvelles encourageantes en provenance des États-Unis, encore que le huard s'échange à parité avec le billet vert américain. «Ça va faire bientôt quatre ans que l'on vit la quasi-parité, il faut en revenir», dit Simon Prévost.

Selon lui, le regain aux États-Unis est probablement plus probant que ce que les chiffres disent, parce qu'on a tendance à focaliser sur des indicateurs retardés comme l'emploi plutôt que des indicateurs avancés comme l'indice de confiance des directeurs d'achats, là où il constate justement une embellie.

Françoise Bertrand, PDG de la Fédération des chambres de commerce du Québec, tient sensiblement le même discours. Elle a rencontré son conseil d'administration qui regroupe plus de 40 membres, dont 20 représentants de la moyenne et grande entreprise, le 8 février. «On a entendu parler des problèmes des uns et des autres, mais pas de cris d'alerte comme on en a entendus en 2008», a-t-elle confié, au cours d'un entretien téléphonique.

Elle résume le sentiment des entreprises en disant qu'elle entend parler de stagnation de l'économie, mais pas de récession. «Elles investissent moins. Elles se questionnent sur l'Europe. Elles s'assoient sur leur encaisse», ajoute-t-elle.

De fait, tout n'est pas noir. Les gens d'affaires trouvent un certain réconfort dans la vitalité du secteur des ressources naturelles et dans la résilience du secteur financier avec la masse critique d'institutions, assureurs et cabinets-comptables au Québec.

On affiche le même optimisme prudent du côté des PME, si on en croit les propos de Martine Hébert, vice-présidente Québec pour la Fédération canadienne de l'entreprise indépendante. «Nos membres se sont faits à l'idée que la reprise se fera plus lente que prévu», dit-elle, en faisant valoir que pour les 11 premiers mois de l'année, l'économie progresse de 1,5% par rapport à la même période, un an plus tôt.

Parmi les bonnes nouvelles, Mme Hébert évoque les exportations qui ont crû au troisième trimestre par rapport au trimestre précédent. Au 4e trimestre, les ventes en gros ont avancé légèrement tout comme les ventes au détail. Elle attend impatiemment les prochaines données sur l'emploi et elle s'inquiète de l'évolution du revenu disponible des consommateurs en 2012.