À l'achat de 100$ de vin, obtenez 10% de rabais! Les consommateurs peuvent bénéficier de plusieurs rabais au cours d'une année dans les SAQ. Et les restaurateurs aimeraient bien avoir des cadeaux similaires.

«Les restaurants du Québec achètent pour un demi-milliard de dollars de vin par année et ne bénéficient de rien de ça», affirme François Meunier, vice-président aux affaires publiques et gouvernementales de l'Association des restaurateurs du Québec (ARQ).

Près de la moitié des restaurateurs souhaiteraient des rabais de la part de la Société des alcools du Québec (SAQ). C'est ce qui ressort d'une étude dont les résultats ont été dévoilés hier matin à Lévis lors de la Rencontre annuelle 2011 de l'ARQ. Celle-ci fait état des problématiques auxquelles se heurte le milieu de la restauration et des solutions envisagées pour résoudre certaines situations. «La SAQ doit juger l'industrie importante, dit François Meunier. Ce doit être corrigé au plus vite. Autrement, on encourage la délinquance et l'évasion fiscale. Ça risque d'être une de nos priorités dans les prochains mois. On est convaincus qu'il y a une économie d'échelle à la caisse possible.»

«Les rabais corporatifs du genre 10% de réduction à l'achat de 100% ne sont pas accessibles aux restaurateurs, mais les rabais en circulaire le sont», précise toutefois Linda Bouchard, responsable des relations de presse de la SAQ.

En fait, l'étude de l'ARQ révèle une quinzaine de points qui nuisent à la performance des entreprises et une quinzaine de correctifs à apporter, selon les répondants. L'augmentation des coûts de la nourriture (62,2%), les difficultés à trouver de la main-d'oeuvre (55%) et les coûts de plus en plus élevés de cette dernière (46,7%) sont les aspects les plus préoccupants des répondants. «Les dépenses liées à la nourriture représentent de 30% à 35% des coûts d'un restaurant, note François Meunier. C'est la matière première des restaurateurs, avec les coûts de la main-d'oeuvre. Depuis un an, à l'épicerie, on le constate en tant que consommateur. C'est la même chose pour les restaurateurs.»

L'ARQ souligne par ailleurs la faible marge de profit des restaurants. «Elle est de 4,5%, tout type de restos confondu, dit François Meunier. Mais le pourcentage tombe à 3,4% pour les restos avec service aux tables.»

Dans un tel contexte, faire payer davantage les clients semble inévitable. «J'augmente habituellement les prix sur le menu une fois l'an, dit Mario Vincent, président du conseil de l'ARQ et propriétaire des restaurants Maman Fournier, Vincenzo Pasta&Grill et Blanchet à Trois-Rivières, Cap-de-la-Madeleine et Drummondville. Je vais probablement devoir l'augmenter graduellement deux fois l'an. Cela dit, les clients en région ont une capacité maximale à payer, donc l'augmentation des prix ne suit pas celle de la nourriture.»

«La facture moyenne à Montréal ne peut pas augmenter énormément, disait Carlos Ferreira, propriétaire du F Bar, du Ferreira Café et du Vasco da Gama, à La Presse Affaires, en juillet dernier. Tout le monde se bat pour les mêmes clients. C'est celui qui a le plus d'imagination qui réussit.»

Comme 41,3% des répondants, M. Ferreira notait le trop grand nombre de permis de restaurants accordés comme problématique de l'industrie. En outre, 27,5% de ceux-ci souhaitent une réduction du nombre de permis accordés.

Le Québec compte quelque 21 000 restaurants. Un peu plus de 15% des membres ont répondu en septembre et octobre 2011 au questionnaire envoyé par l'ARQ, qui compte 4300 membres.

L'obligation d'installer un Module d'enregistrement des ventes (MEV) pour lutter contre l'évasion fiscale, avec date d'échéance le 1er novembre, figure en bas du palmarès (8%) des irritants. Et ce, même si, pour plusieurs restaurateurs, l'investissement s'est avéré élevé, malgré l'aide gouvernementale. «Ce n'est pas étonnant, estime François Meunier. Pour les restaurateurs organisés et structurés, c'est fait depuis longtemps. Depuis 14 mois dans certains cas. C'est sûr que c'est quelque chose de gros et qui coûte cher, mais nos membres sont prêts.»