Le monde agricole québécois connaît depuis hier son troisième ministre en moins de six mois. Le nouveau ministre Pierre Corbeil, peu connu du milieu agricole, devra apprendre rapidement. Il doit compléter le travail de ses prédécesseurs et livrer le très attendu livre vert sur une nouvelle politique agricole et agroalimentaire pour le Québec.

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Dans ce contexte, l'Union des producteurs agricoles (UPA) demande au gouvernement de ne pas précipiter les choses et de laisser au ministre Corbeil le temps d'étudier ses dossiers et de consulter les principaux intervenants de l'agriculture québécoise. Le dépôt du livre vert dès le début de mars serait trop rapide. «Pour l'UPA, il est clair que demander à un nouveau ministre de piloter un dossier d'une telle envergure, à partir de consultations menées par son prédécesseur, n'est pas une avenue gagnante.»

L'UPA ne s'inquiète pas qu'un ministre sans expérience particulière dans le milieu agricole s'amène à un moment si critique. «Je n'ai aucun doute sur la capacité et les compétences de M. Corbeil», affirme le président, Christian Lacasse.

Pierre Corbeil, 55 ans, est député d'Abitibi-Est. Dentiste de profession, il a déjà dirigé les ministères des Ressources naturelles et était responsable des Affaires autochtones depuis 2008. Mais il est né au coeur du Québec agricole, à Saint-Hyacinthe. Son père était agronome et son grand-père cultivateur. «Habitant l'Abitibi, il est sans doute extrêmement sensibilisé aux défis des régions», a aussi souligné Gilles Brouillard, président du Conseil des entrepreneurs agricoles, petite organisation rassemblant quelque 800 producteurs.

Comme Gilles Brouillard, le président de l'Union paysanne Benoît Girouard ne connaît pas Pierre Corbeil. Mais la perception des membres de l'Union paysanne en Abitibi est plutôt négative, note-t-il. «Ils ne l'ont pas vraiment vu travailler dans leurs dossiers.»

«Mais c'est une perception, insiste Benoît Girouard. Il nous reste à le connaître. Et nous allons voir où il va mener la réforme.»

L'UPA se réjouit de voir que le nouveau ministre pourra se consacrer à l'agriculture. Depuis le décès de Claude Béchard, en septembre, Laurent Lessard cumulait les fonctions de ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation et de ministre des Affaires municipales.

Benoît Girouard, de l'Union paysanne, aurait d'ailleurs préféré que M. Lessard puisse mener la politique agricole jusqu'au bout, vu l'importance de ce dossier. «Mais je comprends que porter les deux chapeaux était extrêmement lourd.»