Un an et demi après sa réouverture en grande pompe, le complexe de skateboard et de patin à roulettes TAZ est déjà dans le rouge. Tellement que la Ville de Montréal doit lui accorder une aide de 1,3 million de dollars pour éviter sa fermeture.

Le complexe a rouvert ses portes en mars 2009, après une fermeture qui a duré neuf ans, et il a rapidement renoué avec les jeunes adeptes de planche à roulettes, de patin à roulettes et de BMX. Il a d'ailleurs surpassé les prévisions initiales en attirant 35 000 personnes à sa première année à sa nouvelle adresse, avenue Papineau, dans l'arrondissement de Villeray-Saint-Michel-Parc-Extension.

Pourtant, le succès populaire ne permet pas à l'organisme à but non lucratif de faire ses frais, explique son directeur général, Michel Comeau.

«L'économie allait bien quand le projet a été annoncé, a-t-il souligné. On pensait pouvoir couvrir les frais liés à l'immeuble par la commandite, mais on a ouvert en pleine crise économique.»

Le feuilleton qui a entouré le déménagement du Taz a duré près d'une décennie. Le complexe s'était établi en 1996 dans l'ancien Palais du commerce, coin Maisonneuve et Berri, où il est devenu un véritable fleuron de la sous-culture du skateboard. La construction de la Grande Bibliothèque, en 2001, a entraîné la destruction de l'immeuble et le skatepark s'est retrouvé sans domicile.

La Ville et le gouvernement provincial ont entrepris de trouver de nouveaux locaux au complexe.

Le dossier a abouti en mars 2009 lorsque le maire Gérald Tremblay et le ministre responsable de Montréal, Raymond Bachand, ont inauguré les nouveaux locaux, près du Complexe environnemental Saint-Michel.

La construction du nouveau TAZ a coûté 10 millions, une facture partagée par Montréal, Québec et Ottawa. Le TAZ loue l'immeuble à la Ville en vertu d'un bail de 30 ans et s'engage à y exploiter un centre de skateboard, de patins à roulettes et de BMX pour les jeunes.

Impôt foncier

Le déménagement dans un immeuble flambant neuf a entraîné des coûts que l'organisme n'avait pas prévus. Le TAZ pensait en outre pouvoir obtenir une exemption d'impôt foncier, comme celle dont jouissent la plupart des centres communautaires.

Mais, dans une décision rendue en mai, la Commission municipale du Québec a refusé, estimant que l'organisme est davantage voué aux activités récréatives qu'à l'insertion sociale des jeunes en difficulté. Le TAZ doit donc verser près d'un demi-million en impôt foncier chaque année. À ces frais s'ajoutent l'électricité, l'entretien et diverses autres dépenses.

La direction du skatepark a voulu combler le manque à gagner par des commandites. Mais, en pleine récession, rares sont les entreprises qui souhaitent se lancer dans de tels projets, souligne Michel Comeau.

«Tous les organismes qui font de la commandite, qui font des campagnes de souscription, connaissent des années horribles, a-t-il convenu. Comme on était un nouvel organisme qui sollicitait les milieux sportifs, on s'est plantés.»

M. Comeau s'attendait à des déficits au cours des trois années suivant la réouverture, mais pas d'une telle ampleur. La pression sur les finances du TAZ est devenue telle que l'organisme était sur le point de fermer «à très court terme» sans une aide de la Ville, selon des documents remis aux élus.

Pour éviter de perdre les millions qu'elle a déjà investis jusqu'ici, l'administration Tremblay a donc accepté de verser une aide supplémentaire de 1,3 million.

«On va l'aider dans son fonctionnement, a indiqué le porte-parole de l'administration Tremblay, Bernard Larin. La somme va lui permettre de remplir ses obligations et, en même temps, on en profite pour actualiser leur plan d'affaires.»

Plan de relance

Le TAZ s'engage en contrepartie à mettre en place un comité de pilotage, à restructurer son administration, à produire un nouveau plan d'affaires et à fournir une nouvelle garantie hypothécaire à la Ville. Deux employés de la Ville vont siéger comme observateurs au conseil d'administration du TAZ.