Les nouvelles ne seront probablement pas très bonnes pour les déposants de la Caisse de dépôt et placement du Québec, qui est sur le point de dévoiler ses résultats de mi-année. En raison de la piètre performance des marchés boursiers, il faut s'attendre à un rendement négatif pour les six premiers mois de 2010.

Un portefeuille équilibré typique a généré un rendement de -1,4% depuis le début de l'année, selon la firme spécialisée Mercer. Même si le portefeuille de la Caisse de dépôt n'est pas exactement comparable au portefeuille type examiné par Mercer, «ça peut nous donner une idée», explique le porte-parole de la firme, Yvan Breton.

La Caisse de dépôt a une partie de ses investissements dans les entreprises non inscrites en Bourse et dans le secteur immobilier. «Ça peut faire une petite différence, mais il reste que le gros de son portefeuille est dans les actions et les obligations», précise Pierre Payeur, directeur, gestion de fonds, à l'Industrielle-Alliance.

Du côté des actions, l'année 2010 a plutôt mal commencé. L'indice S&P/TSX de la Bourse de Toronto est dans le rouge, à -2,5%, pour le premier semestre, comme les indices des actions américaines (-5,4%) et des actions internationales (-11,7%).

«Les marchés n'ont pas été ce qu'il y a de plus généreux depuis le début de l'année», constate Pierre Payeur.

Les obligations ont mieux fait, avec un rendement positif de 4,2% depuis le début de l'année.

Pour la Caisse de dépôt, ça tombe mal. Ses dirigeants ont augmenté les investissements en actions et réduit ceux en obligations en 2009, pour profiter d'une éventuelle remontée des marchés après la récession.

La remontée a bel et bien eu lieu dans la deuxième partie de 2009, mais trop tard pour que la Caisse en tire profit. Son rendement de 2009 a été de 10%, soit 4,1% de moins que les indices de référence.

Inquiets

Six mois plus tard, l'Association québécoise des retraités des secteurs public et parapublic craint que le scénario se reproduise et que le rendement de la Caisse soit encore inférieur à celui de ses pairs.

«Nous attendons ces résultats avec impatience, d'autant plus que la Caisse a réinvesti 9,6 milliards dans les marchés boursiers en 2009», a fait savoir la présidente de l'Association, Madelaine Michaud.

Très critique de la gestion de la Caisse de dépôt, l'association des retraités de l'État craint surtout que la direction tente d'enjoliver ses résultats, précise un porte-parole, Cédric Lavoie.

C'est pourquoi elle réclame plus d'informations de la part de la Caisse, comme son rang centile parmi les autres gestionnaires de caisses de retraite, et son rendement par catégories de placement et par déposant.

Depuis l'arrivée d'une nouvelle équipe de direction menée par Michael Sabia, la Caisse a fait des efforts pour être plus transparente, reconnaît le porte-parole l'Association des retraités de l'État. Ainsi, elle divulgue maintenant des résultats à mi-chemin de son exercice financier, une pratique inaugurée l'an dernier.

Mais elle pourrait faire davantage, estiment ces retraités. «La Caisse a doublé son équipe de communication, on s'attend donc à plus de transparence», dit Cédric Lavoie.

Le renouvellement de l'équipe des communications n'est pas terminé. La Caisse est à la recherche d'un directeur général responsable des relations publiques avec le gouvernement et les autres intervenants de la région de Québec, un poste que l'Association des retraités assimile à du lobbyisme.

La Caisse de dépôt gère un actif de 131,6 milliards provenant de 25 déposants, en majorité des employés des secteurs public et parapublic. Le régime public de retraite de tous les Québécois, la Régie des rentes, y confie aussi ses fonds.