L'agriculture québécoise est à la croisée des chemins: son sort pour les 15 ou 20 prochaines années se joue maintenant, selon le président de l'Union des producteurs agricoles (UPA), Christian Lacasse.

Dans une entrevue à La Presse Canadienne, il a affirmé qu'il est temps de revoir de fond en comble la politique agricole du Québec, notamment pour régler les problèmes de nombreuses productions et pour encourager la relève.

«C'est clair, oui, on est dans un moment qui est crucial, des occasions comme celles-là sont (rares)», a-t-il commenté dans un entretien téléphonique.

«Il faut faire les bons choix», a-t-il insisté, sinon ce pourrait être la déroute du monde rural.

M. Lacasse a rappelé que la dernière grande vue d'ensemble de l'agriculture remonte à il y a une trentaine d'années, l'époque du ministre Jean Garon et de l'autosuffisance alimentaire.

«C'est sûr qu'on parle d'une politique des années 80, quand on est rendu en 2010, ça commence à être essoufflé pas mal, ce genre de politique-là.»

Le syndicat agricole avait relancé le débat l'automne dernier au cours de son congrès général. L'UPA a alors présenté un projet de politique intitulé «Le Pouvoir de se nourrir», pour mieux répondre aux besoins des consommateurs, mais aussi aux préoccupations des agriculteurs.

«Les agriculteurs ont connu des années difficiles, a-t-il expliqué. Au cours des cinq ou six dernières années, les revenus n'étaient pas là, les prix (de leurs produits sur les marchés) n'étaient pas là. Ça demande un repositionnement.»

Il presse donc le ministre titulaire, Claude Béchard, d'agir dès cet automne. M. Béchard a déjà fait part de son intention de doter le Québec d'une nouvelle stratégie agricole valide pour les 15 ou 20 prochaines années.

M. Lacasse souhaite toutefois conserver des acquis, tels que la gestion de l'offre et le monopole syndical de son organisation, qui représente 43 000 producteurs.

L'organisation de M. Lacasse veut engager la relève dans le débat, parce c'est elle qui est au premier chef concernée par l'agriculture de demain et qui vivra avec cette future politique.

«Il y a beaucoup de jeunes qui s'intéressent à l'agriculture. Maintenant, il y a du questionnement. C'est normal, parce que la situation n'est pas facile dans certains secteurs de production. Et là, il va falloir apporter des réponses.»

Le jeune qui se lance en agriculture n'est pas différent d'un autre entrepreneur ou gestionnaire, a fait remarquer le grand patron de l'UPA.

«Il veut avoir de la stabilité, il veut de la prévisibilité», alors que l'agriculture est un marché «à ciel ouvert» comportant de grands risques liés surtout au climat, a-t-il dit.

Il est convaincu qu'il est possible de sécuriser davantage la profession, entre autres en étendant le système de gestion de l'offre à d'autre secteurs de production, ou encore le régime d'assurance-stabilisation.