Les policiers municipaux devraient concentrer leurs efforts à lutter contre la criminalité grave, plutôt que d'empiéter sur le terrain des compagnies privées de sécurité, a affirmé vendredi le chef de la direction de Garda World (T.GW).

Après s'être adressé aux actionnaires de son entreprise dans le cadre de l'assemblée annuelle, Stéphane Crétier a qualifié d'insensée l'idée voulant que tout ce qui est un service doit être dispensé par les municipalités.

Le patron de Garda réagissait à l'intention du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) d'intensifier la commercialisation de certains de ses services pour réduire la part du financement gouvernemental qu'il reçoit annuellement pour son budget, soit 600 millions.

Selon lui, il est contraire à la raison que des policiers bien rémunérés patrouillent des parcs, interviennent après le déclenchement d'alarmes et remettent des contraventions en pleine pénurie de personnel pour enquêter sur des crimes graves.

«Le nouveau chef de police devrait indiquer clairement que le rôle des policiers est de servir les contribuables et la population et non pas de créer le SPVM inc.», a-t-il fait valoir.

M. Crétier estime que les agents des sociétés privées de sécurité d'aujourd'hui sont bien formés et qu'ils pourraient assumer des responsabilités de base, comme appliquer la loi concernant le stationnement et assurer la sécurité lors d'événements spéciaux.

À son avis, cela permettrait de libérer des policiers pour se concentrer sur des dossiers plus urgents.

«Nous ne voulons pas remplacer la police», a toutefois assuré le chef de la direction de Garda, ajoutant que la plupart des policiers préféreraient se concentrer sur la résolution de crimes, bien que certains d'entre eux aiment pouvoir gagner un peu plus d'argent durant leurs vacances ou jours de congé.

Devant des journalistes, M. Crétier a soutenu que la coopération entre les secteurs public et privé était courante dans certaines municipalités canadiennes, plus particulièrement en Alberta, mais que ce n'était pas le cas au Québec.

Étant donné que Garda est présente à l'étranger, ces contrats n'auraient pas d'effets considérables sur les opérations de l'entreprise. Mais selon M. Crétier, les centaines de petites firmes en sécurité présentes dans les municipalités pourraient en bénéficier.

Le chef de la direction de Garda World a néanmoins affirmé que s'ils pouvaient protéger des ambassades et filtrer les passagers dans les aéroports, ses employés pouvaient assurément fournir les services que les policiers rendaient durant leurs jours de congé.

M. Crétier s'est en outre dit en faveur de la mise en place d'un modèle permettant aux municipalités de prendre en considération la qualité des services et de ne pas choisir que les soumissions les moins élevées.

Outre des services de sécurité physique, Garda assure le transport de valeurs pour des banques et des détaillants au Canada et aux États-Unis.

Vendredi, les actionnaires ont appris que Garda avait renoué avec la croissance après avoir traversé une année très éprouvante. Les deux principaux secteurs d'activité de Garda devraient tous les deux connaître une croissance qui permettra à l'entreprise d'encaisser des revenus d'environ 1 milliard d'ici cinq à sept ans.

Les actions de Garda gagnaient 14 cents vendredi après-midi à la Bourse de Toronto, se négociant à 8,64 $.