Le plan de match économique déposé aujourd'hui à l'Assemblée nationale sortira des sentiers battus, promet le ministre des Finances, Raymond Bachand, à la veille de son premier discours du budget.

Comme pour préparer les contribuables à se serrer la ceinture, le ministre Bachand s'est contenté de faire retaper, pour 5$ ses anciens souliers - la tradition britannique veut que le ministre des Finances s'achète de nouvelles chaussures pour livrer son discours au Parlement.

Le ministre Bachand a plutôt choisi de mettre son argent sur de nouvelles lunettes. «On espère que les Québécois vont avoir de la clarté dans leurs finances publiques», a-t-il ironisé, en marge de l'habituelle séance de photos à la veille du discours.

Budget tourné vers l'avenir

Ce budget «ne sera pas traditionnel» promet le ministre. Quand on lui demande si les contribuables seront satisfaits, il prévient: «Toute décision politique comporte des choix et il y a des gens qui sont d'accord, d'autres non. L'important est le bien commun.»

Ce ne sera pas un budget de récession au même titre que celui de Monique Jérôme-Forget l'année dernière. «L'an passé, on en était au pire de la récession, là on peut se tourner un peu plus vers l'avenir...» a-t-il laissé tomber.

«Dans ce budget, il y a beaucoup de choix qui sont faits, des décisions sont prises pour l'avenir du Québec», soutient M. Bachand.

Il promet que le gouvernement détaillera son plan de retour au déficit zéro, pour 2013 - sans changement de cap, les déficits accumulés atteindraient alors les 13 milliards de dollars.

Visibilité de Charest

Cette opération du budget est aussi sortie des sentiers battus du point de vue de la perception. Rarement a-t-on vu un premier ministre tenir à être aussi étroitement associé au budget.

C'est Jean Charest qui a donné une série d'entrevues, «prébudgétaires», où il a indiqué, il y a quelques jours, que Québec allait d'abord opter pour des compressions de dépenses plutôt que des hausses de tarifs pour équilibrer les finances publiques.

Hier, on annonçait aussi une ultime rencontre entre MM. Charest et Bachand, à quelques heures du dépôt à l'Assemblée nationale, un face à face inhabituel où les caméras seront brièvement conviées.

Dans le passé, le ministre Bachand a déjà laissé entendre qu'il envisageait d'aller chercher une hausse supplémentaire de 1% à la TVQ - comblant ainsi la totalité de l'espace laissé vacant par le gouvernement fédéral au chapitre de la TPS.

Pour le ministre Bachand, le débat prébudgétaire des derniers mois n'a pas eu beaucoup de précédents. Depuis la fin d'octobre, «cela a été le plus grand débat budgétaire», alimenté notamment par les publications d'un quatuor d'économistes. Aujourd'hui, «les Québécois ont un sentiment beaucoup plus précis sur ce qui doit être fait pour les dépenses publiques après cet exercice», selon lui.

La Presse a indiqué, en fin de semaine dernière, que le gouvernement se contenterait d'une consultation sur l'opportunité de hausser les tarifs d'électricité. «Il y a des sujets complexes qui méritent d'être étudiés plus à fond...vous verrez», a dit le ministre Bachand.