Confrontés à des taux de chômage élevés, les gouvernements, notamment aux États-Unis, sont de plus en plus généreux dans leurs offres d'aide financière visant à attirer des entreprises sur leurs territoires, affirme le président-directeur général d'Investissement Québec, Jacques Daoust.

Au cours des rencontres d'affaires qu'il a effectuées le mois dernier dans le cadre de la réunion annuelle du Forum économique mondial à Davos, en Suisse, M. Daoust a pu constater la férocité des concurrents du Québec, qu'ils se trouvent aux États-Unis, dans le reste du Canada ou dans les pays émergents.

«J'ai vu autant de gens intéressés à faire des projets que j'en avais vus en 2008, a-t-il déclaré au cours d'une entrevue. Mais est-ce qu'ils vont tous se matérialiser? La grosse différence, c'est qu'en 2008, tu étais «interventionniste» si tu disais «comme État, pour attirer des entreprises, je suis prêt à offrir des choses.» Aujourd'hui, tous les États sont comme ça. La concurrence est beaucoup plus forte. Avec les mesures incitatives que certains gouvernements offrent, ce que j'ai entendu (à Davos), je ne sais pas comment (les gouvernements) vont faire de l'argent avec ça.»

Des pressions

Aux États-Unis et dans les provinces canadiennes où les taux de chômage ont grimpé sensiblement, les élus font l'objet d'intenses pressions de la part de la population pour stimuler la création d'emplois.

«Tout le monde est fragilisé, il n'y a plus un politicien qui peut être certain de se faire réélire», a relevé M. Daoust, en évoquant le choc créé par l'élection, le mois dernier, du républicain Scott Brown au Sénat américain dans le bastion démocrate du Massachusetts.

«Aux États-Unis, ils sont prêts à mettre le paquet», a-t-il noté. Dans certains cas, «ils n'ont pas seulement franchi la limite, ils sont allés deux fois plus loin que la limite».

M. Daoust a illustré son propos en relatant un épisode survenu l'an dernier, alors que le Québec était en lice contre un État américain pour attirer une entreprise sensible aux coûts de l'énergie.

«L'État leur a bâti une centrale thermique au pétrole en leur garantissant des bas prix à long terme, a-t-il confié. Tu ne peux pas te battre contre ça, parce que l'hydroélectricité peut difficilement coûter moins cher que ça pour le moment. Quand il va y avoir une taxe sur le carbone - on essaie de les sensibiliser à ça - et quand le prix du pétrole va retourner à 150$US le baril, on va pouvoir discuter.»

Même si la récession les a aussi durement frappés, le Japon et l'Europe apparaissent moins sur les écrans radars d'Investissement Québec, qui joue le rôle de principal prospecteur d'entreprises étrangères pour la province.

Par contre, des pays émergents comme le Brésil sont très actifs, mettant de l'avant des avantages comme une main-d'oeuvre bon marché et des ressources naturelles en abondance. De plus, des entreprises indiennes et chinoises surgissent de plus en plus comme des investisseurs potentiels en Occident, y compris au Québec.

Jacques Daoust reconnaît que certains États présentent des offres d'aide financière fort généreuses, déficitaires à court terme, dans l'espoir d'attirer chez eux de nouveaux secteurs industriels, comme le Québec l'a fait pour le secteur du jeu vidéo, par exemple.

Bien équipé

Pour l'instant, M. Daoust croit pouvoir encore lutter à armes égales avec les subventions, crédits d'impôt et prêts offerts par le gouvernement du Québec.

«Honnêtement, je pense que je dispose d'assez d'artillerie», a-t-il assuré.

Contrairement au sommet de Davos de l'an dernier, au cours duquel bien peu de gens d'affaires avaient la tête aux investissements, celui de cette année pourrait bien se traduire par de bonnes nouvelles pour le Québec durant l'année 2010, a estimé Jacques Daoust.

Malgré la récession, Investissement Québec se dirige vers une année respectable. À la fin du troisième trimestre de son exercice financier, Investissement Québec avait facilité 52 investissements étrangers d'une valeur totale de 546 millions de dollars, qui doivent créer 1665 emplois. En 2008-2009, il y en avait eu 53 investissements, d'une valeur globale de 2,1 milliards, qui devaient créer 2740 postes.