Après l'aéronautique, les sciences de la vie et les technologies de l'information, le Québec prend le virage des technologies propres. La nouvelle grappe industrielle consacrée au secteur s'est dotée d'un nom - Écotech Québec - et d'un objectif: faire de la province un «pôle d'excellence en Amérique du Nord».

Mais si plusieurs vantent son avant-gardisme, d'autres trouvent au contraire qu'une telle grappe... arrive bien tard.

Écotech Québec veut créer un «momentum» autour des entreprises de la province - il y en aurait déjà près d'un millier - qui développent des technologies capables de lutter contre les changements climatiques ou d'améliorer la qualité de l'environnement.

 

«Notre but est que le Québec devienne un développeur de technologies et un exportateur sur les marchés mondiaux», a déclaré hier Denis Leclerc, ancien vice-président au développement durable chez AbitibiBowater, qui vient de prendre les rênes du nouveau vaisseau en tant que président et chef de la direction d'Écotech Québec.

Le plan de match est simple: faire émerger les technologies dans les labos, puis financer les entreprises pour qu'elles puissent les développer et les commercialiser. Marché visé: les grands industriels mondiaux, qui cherchent des façons de réduire leur facture d'énergie ou de réduire leurs émissions de gaz à effet de serre pour se plier aux nouvelles contraintes dans plusieurs pays.

Ah oui: Écotech Québec s'est aussi donné comme mission de faire pression sur les gouvernements pour que la réglementation sur les émissions de carbone suive et de former la main-d'oeuvre qui viendra soutenir le secteur. On veut aussi montrer au monde entier que le Québec est dynamique dans ce que les anglophones appellent la «clean tech», question d'attirer chez nous chercheurs, investisseurs et entrepreneurs.

En retard

Si le programme est ambitieux, il était temps que le Québec l'adopte, croit toutefois Nicholas Parker, président exécutif du conseil de Cleantech Group, une firme de consultants dans le domaine des technologies propres.

C'est que le Québec est loin d'être seul sur le radar de ceux qui regardent les occasions d'affaires vertes. Los Angeles, San Diego, le Colorado, la Suisse, l'Allemagne, la Finlande, Israël, l'Australie, alouette: la liste des villes, régions ou pays qui ont déjà leur grappe des technologies propres est longue.

Pourquoi un tel engouement? Parce que le marché est en pleine explosion. En fait, les technologies propres viennent tout juste de détrôner les biotechnologies comme secteur préféré des investisseurs de capital-risque sur la planète.

«Mais ce sont les Asiatiques, la Chine en tête, qui montrent la voie», dit M. Parker, qui indique que rien de moins que 40% des entreprises du secteur qui ont décidé de se lancer en Bourse l'ont fait en Chine.

La crise économique? Ironiquement, elle est venue donner un immense coup de main. Dans leurs plans de stimuli économiques, plusieurs pays, dont les États-Unis et la Chine, ont en effet inclus des critères de développement durable dans l'octroi des fonds.

Mais y a-t-il vraiment de l'argent à faire dans les technologies propres? «Regardez autour de vous», a répondu M. Parker en désignant des gens comme le grand patron de la Caisse de dépôt et placement du Québec, Michael Sabia, ou la présidente de Gaz Métro, Sophie Brochu, venus assister à l'événement d'hier.