Mill Road a frappé un grand coup hier dans la guerre qu'elle livre au groupe Cosmos pour mettre la main la firme de publicité Cossette (T.KOS). La firme américaine a fait grimper son offre de 7,97$ à 8,10$ l'action, soit exactement le prix que Cosmos se disait prête à débourser si on lui donnait accès aux livres de Cossette.

La nouvelle convention entre Mill Road et Cossette comprend aussi quelques clauses qui pourraient compliquer la vie à Cosmos si celle-ci veut déposer une contre-offre, dont des frais de pénalité qui passent de 3,25 à 4,5 millions de dollars.

«Nous sommes très satisfaits de la hausse de la contrepartie aux termes de l'opération avec Mill Road», a dit hier Jean Lavigueur, président du comité spécial responsable de l'évaluation des offres chez Cossette.

Le prix de l'action a gagné 1 cent hier pour clôturer à 8,02$. Rappelons que l'action de Cossette croupissait autour de 3,50$ pas plus tard que l'été dernier, avant que les enchères pour l'entreprise ne commencent.

La nouvelle offre de Mill Road tombe une dizaine de jours après que Cosmos eut annoncé à la surprise générale qu'elle égalait l'offre de 7,87$ l'action de Mill Road.

Cosmos avait affirmé du même souffle qu'elle était prête à hausser son offre à 8,10$ l'action si elle avait accès à toutes les données financières de Cossette.

Cossette avait toutefois refusé d'ouvrir ses livres, affirmant qu'elle ne pouvait être sûre que cette démarche conduirait effectivement à une offre supérieure.

Pour Cosmos, le fait de voir Mill Road hausser son offre à exactement à 8,10$ vient invalider cet argument.

«C'est quand même la preuve que notre offre a été prise au sérieux», lance Sylvia Morin, porte-parole de Cosmos. Le groupe piloté par d'anciens dirigeants de Cossette a par ailleurs affirmé qu'il étudierait l'offre en détail avant d'annoncer sa stratégie.

En entrevue à La Presse Affaires, Marcel Barthe, vice-président, stratégie d'entreprise, chez Cossette, a affirmé que l'entreprise n'a jamais négocié avec Mill Road pour lui demander de hausser son offre. «Ce sont eux (les dirigeants de Mill Road) qui nous ont informés tard hier (dimanche) soir qu'ils avaient l'intention, comme tenu que les deux offres étaient égales, d'augmenter la leur», a-t-il précisé.

N'est-ce pas là la preuve que l'offre de Cosmos était sérieuse et que le conseil aurait dû la considérer? «Non, répond M. Barthe. C'est la preuve que la valeur de Cossette est beaucoup, beaucoup plus élevée que l'offre à 4,95$ déposée par Cosmos le 20 juillet dernier.»

La suite

Cosmos a maintenant cinq jours ouvrables pour égaler la nouvelle offre de Mill Road. Si elle s'exécute, elle pourra conserver l'appui de ses partenaires financiers, Burgundy Asset Management et Beutel, Goodman&Company et ainsi bloquer la transaction de Mill Road (Cosmos, Burgundy et Beutel détiennent ensemble 37,3% des actions de Cossette, alors que Mill Road a besoin des deux tiers des actions pour réaliser sa fusion).

Louis Hébert, expert en stratégie d'entreprise à HEC-Montréal, croit toutefois que Cosmos ne se remettra pas du coup assené hier. C'est que pour avaler Cossette, le groupe devrait non seulement égaler l'offre de Mill Road, mais aussi la dépasser pour qu'elle demeure avantageuse malgré les frais de pénalité.

«Depuis l'été dernier, Cosmos a joué le rôle de l'instigateur et a servi de catalyseur important pour faire monter les actions de Cossette. Il reste maintenant à voir si le groupe est réellement préparé à mettre une offre gagnante sur la table», a écrit hier Adam Shine, analyste à la Financière Banque Nationale, dans une note aux investisseurs.

Comme bien d'autres, Louis Hébert, de HEC Montréal, a beaucoup critiqué l'attitude du conseil d'administration de Cossette au cours de ce feuilleton, lui reprochant d'avoir écarté Cosmos du processus d'enchère. «Il y a eu des enchères, au moins en apparence, a-t-il toutefois été forcé de constater hier. Considérant que le prix est rendu à 8,10$, un actionnaire aurait très peu de légitimité pour intenter un recours contre le conseil d'administration.»