La possibilité d'une revente de la station Mont-Tremblant par la société Intrawest, qui subit un grave stress financier, refait surface après la vente d'une autre station au Colorado.

D'autant que cette vente de Copper Mountain survient quelques mois après que le président d'Intrawest, Bill Jensen, ait nié pareille intention parce qu'il s'agissait d'un «actif de premier plan» pour l'entreprise.

Aussi, Bill Jensen avait indiqué au cours d'une conférence d'affaires au Colorado qu'Intrawest effectuait une «révision» d'autres actifs, notamment «certains actifs au Québec».

Or, de l'avis d'analystes, la vente soudaine de Copper Mountain suggère que les maux financiers d'Intrawest ont empiré ces derniers mois.

Autre indice aggravant, selon l'analyste Jerry Jones, cité par le quotidien Denver Post, Copper Mountain aurait été vendue pour une «somme d'environ 100 millions US... soit beaucoup moins qu'elle aurait obtenu il y a deux ans».

«On ne sait pas s'il s'agit d'une vente de feu. Mais on sait qu'Intrawest a des problèmes de liquidités et qu'elle a besoin de cet argent», a indiqué M. Jones.

Une démission-surprise

Par ailleurs, à quelques jours du début de l'importante saison d'hiver, la haute direction de Tremblant est embrouillée avec la démission soudaine de son président, Charles Massicotte.

Il quitte son poste demain et Intrawest lui cherche encore un successeur alors que Tremblant termine une année un peu moche pour les affaires.

En intérim, c'est un ex-président de la station, Roger McCarthy, qui a été mis à la barre.

N'empêche, le départ de Charles Massicotte à l'aube de la saison d'hiver a beaucoup surpris dans les milieux d'affaires de Mont-Tremblant, qui surveille de près l'administration de la station.

«L'annonce de son départ a surpris tout le monde», a commenté Mireille Bisson, présidente de la chambre de commerce de Mont-Tremblant.

«De plus, lors des changements antérieurs de dirigeants à la station, les intervenants d'affaires de la région ont été avisés par lettre. Cette fois-ci, même s'il s'agissait du départ du président, nous n'avons reçu aucun avertissement.»

Quant aux raisons du départ de M. Massicotte, Mireille Bisson dit n'avoir constaté «aucun indice» dans les milieux d'affaires.

À l'administration de Tremblant, la porte-parole, Lyne Lortie, affirme que Charles Massicotte a démissionné pour «profiter d'une autre opportunité, qu'il devrait annoncer au cours des prochains jours».

Rumeurs

Mais en attendant plus d'explications, le départ soudain du président de Tremblant alimente les rumeurs sur la continuité de la station parmi l'actif d'Intrawest.

Aussi, il suscite des doutes sur la volonté et surtout les moyens financiers d'Intrawest de poursuivre le développement de la plus grosse station de ski de l'est du continent.

«Tremblant demeure une station importante chez Intrawest», a commenté brièvement par courriel le porte-parole au siège social de Vancouver, Ian Galbraith.

Pourtant, l'actionnaire d'Intrawest, le fonds américain Fortress Investment, confiait récemment à l'agence Bloomberg que cette société était le «plus important défi» de son portefeuille multimilliardaire.

Dans ses derniers états financiers, Fortress attribue une valeur de 721 millions US à Intrawest, à peine le quart des 2,8 milliards payés en 2006 lors d'un achat par endettement.

Par ailleurs, les hauts dirigeants d'Intrawest auraient fait part récemment à des analystes de la possibilité d'un délestage de Tremblant dans une société autonome.

Pareil changement pourrait faciliter la vente par Intrawest d'une partie du capital-actions direct de Tremblant, afin d'y attirer de nouveaux investisseurs.

Jusqu'à maintenant, le principal partenaire financier connu d'Intrawest à Tremblant fut la Caisse de dépôt et placement du Québec. Les sociétés financières JP Morgan, de New York, et Manulife, de Toronto, ont aussi été associées au développement de Tremblant.