Le Québec sortirait gagnant de l'ouverture des marchés avec les États-Unis, estime le premier ministre Jean Charest.

Selon des députés conservateurs à Ottawa, le Canada pourrait très bientôt conclure une entente afin d'être exclu du Buy American Act.

Les provinces accepteraient pour leur part de lever leurs barrières commerciales pour permettre à leurs entreprises d'avoir accès aux lucratifs contrats de réfection d'infrastructures américaines, prévus dans le plan de relance économique du président Barack Obama.

«Le mot clé, c'est réciprocité, c'est d'obtenir des Américains ce que nous, nous somme prêts à faire», a brièvement commenté le premier ministre Charest, mercredi, dans les corridors du parlement.

«Le marché américain, pour nous, c'est très important, c'est un marché dix fois plus important que le marché canadien. Alors pour le Québec, avoir accès à ce marché, c'est gagnant», a-t-il ajouté.

M. Charest a profité de toutes les tribunes pour dénoncer le réflexe protectionniste des Américains au cours des derniers mois.

Notamment, en juin dernier, il avait déclaré que nos voisins du Sud «se tirent dans le pied» en adoptant des mesures destinées à favoriser leur marché et à maintenir leurs emplois.

Mercredi, son ministre du Développement économique, Clément Gignac, a aussi plaidé en faveur d'une ouverture des marchés.

Le ministre a signalé que le niveau de vie des Québécois a augmenté de façon significative depuis la ratification de l'accord de libre-échange avec les États-Unis en 1988.

Il a aussi souligné que, depuis, le poids des exportations dans le PIB au Canada est passé de 20 à 35 pour cent.

«L'ouverture des frontières, toutes les études, tous les économistes peuvent le démontrer, c'est toujours au bénéfice des plus petits pays, lorsqu'ils ont accès à un plus grand marché», a affirmé le ministre Gignac.

Questionné à Ottawa, le ministre du Commerce international, Stockwell Day, a affirmé mercredi que les négociations se déroulent rondement avec son homologue américain Ron Kirk, sans aller jusqu'à confirmer l'imminence d'une entente.

Ce possible accord ne fait toutefois pas l'unanimité.

Ainsi, le président de la Fédération québécoise des municipalités, Bernard Généreux, aimerait que le gouvernement Charest tempère son enthousiasme.

M. Généreux craint qu'une ouverture des marchés sans restriction entraîne l'effet inverse et que des entreprises locales perdent des contrats municipaux au profit de concurrents américains.

«Un des effets recherchés par les grands travaux d'infrastructures au Québec, c'est la création d'emploi localement. Si on s'en va créer des emplois aux États-Unis, est-ce qu'on est gagnants? Est-ce que c'est l'objectif qu'on poursuit? Je ne pense pas», a déclaré M. Généreux en entrevue à La Presse Canadienne.

Il convient que les gens d'affaires du Québec pourraient tirer leur épingle du jeu en remportant des appels de soumissions au pays de l'Oncle Sam, mais se questionne sur les précautions à prendre pour éviter une perte d'expertise en ingénierie, par exemple, si les Américains ont accès au marché québécois.

«Est-ce que le jeu en vaut la chandelle? Il ne faudrait pas tomber dans l'autre extrême», a-t-il dit.

Pour sa part, la chef péquiste Pauline Marois croit, à l'instar du premier ministre, que le Québec pourrait profiter d'une telle entente.

«Comme l'économie américaine a été très durement touchée par la récession, cela signifie qu'il y aura un besoin très important de réinvestissement, notamment dans la construction domiciliaire», a analysé Mme Marois, en marge d'un point de presse sur un autre sujet.

Elle conclut qu'il y a là des opportunités intéressantes pour les entreprises québécoises.