La TVQ et les tarifs gouvernementaux pourraient augmenter plus tôt que prévu, dès 2010 au lieu de 2011, selon ce qu'a appris La Presse Canadienne.

Déjà, on savait que le gouvernement Charest allait hausser la TVQ de 7,5% à 8,5%, à compter de janvier 2011, mais voilà qu'on examine la possibilité d'augmenter cette taxe à la consommation d'un autre point de pourcentage dès 2010.

Ce scénario ne se réalisera, cependant, que si, dans les prochains mois, l'économie prend du mieux, au point de laisser croire que la reprise est solide.

«On manque d'argent», a résumé le ministre des Finances, Raymond Bachand, lors d'un entretien récent à La Presse Canadienne.

«Alors sûrement qu'au budget (2010), il y aura une partie des choix qu'on fera comme gouvernement» pour renouer avec l'équilibre budgétaire, ajoute le ministre qui prépare déjà son premier budget, attendu en mars.

Québec serait donc tenté d'indexer les tarifs de certains services publics et de hausser la TVQ d'un autre point de pourcentage, dès lors.

Chaque hausse d'un point de pourcentage de la TVQ représente environ 1 milliard de revenus additionnels dans les coffres de l'État.

Le ministre Bachand s'appuie sur la chef péquiste, Pauline Marois, pour justifier son ouverture à l'idée d'augmenter la TVQ de deux pour cent en deux ans.

«Pauline Marois a dit qu'il y avait de la place» pour une telle hausse, soutient M. Bachand, en se demandant à voix haute: «y a-t-il de la place?»

Le ministre répond par l'affirmative.

«Il y a un certain nombre d'endroits où il y a de la place» pour des hausses, dont la TVQ et les tarifs d'hydroélectricité, répond le ministre quand on lui demande de nommer à quels «endroits» il fait référence.

Il explique que son gouvernement a fait le choix de maintenir les services publics à leur niveau actuel, et que cette décision entraîne la recherche de nouvelles - et substantielles - sources de revenus, en puisant notamment au fond des poches des contribuables.

En 2007, la chef péquiste avait proposé au gouvernement d'occuper le champ fiscal laissé vacant par Ottawa, en décrétant une hausse de la TVQ correspondant à la baisse de deux points de TPS, ce qui n'aurait pas entraîné d'impact pour les contribuables.

Mais le gouvernement Charest avait refusé cette avenue, à l'époque, ridiculisant la position du PQ et clamant que la population n'était pas un «guichet automatique».

En mars dernier, l'ex-ministre des Finances, Monique Jérôme-Forget, avait donc surpris bien des gens en annonçant une hausse d'un point de la TVQ en 2011, une fois la reprise bien amorcée, de même que l'indexation au taux d'inflation de tous les tarifs gouvernementaux, à l'exclusion des garderies à 7 $ par jour.

Mais le milliard additionnel de dollars de la TVQ et les 60 millions de plus récoltés des tarifs indexés ne suffiront pas à faire sortir le Québec du rouge, et de cela, le ministre en est bien conscient.

Sa commande est grosse: trouver 4 milliards de revenus additionnels pour respecter l'engagement de boucler le budget 2013-2014 sans un sou de déficit.

Il semble donc pressé de trouver de nouveaux «endroits» où piger de l'argent pour ramener le Québec tranquillement, mais sûrement, vers l'équilibre budgétaire.

«Plus vite on peut se le dire et arriver à un consensus sur ça, mieux c'est», tranche-t-il.

Québec mise donc sur la consultation menée au cours des prochains mois sur le financement des services publics pour conclure avec la population rien de moins qu'un «nouveau contrat social».

M. Bachand plaide en faveur d'«un changement culturel global», et les Québécois, selon lui, seraient mûrs pour effectuer ce changement de cap, davantage axé sur le principe de l'utilisateur-payeur.

Cependant, le ministre Bachand s'est appliqué à baisser les attentes par rapport à cette consultation publique, annoncée en août par le premier ministre Jean Charest.

Il ne faut donc pas prévoir assister prochainement à un grand sommet, comme celui organisé par Lucien Bouchard sur le déficit zéro, en 1996, ou à l'image du Forum des générations, présidé par le gouvernement actuel, en 2004.

Le coup de sonde du gouvernement sera plutôt mené de façon indirecte sur diverses tribunes, a indiqué le ministre, par exemple au cours des consultations pré-budgétaires ou des commissions parlementaires reliées à des projets de loi.

«On ne fera pas de commission d'enquête pour revenir avec un rapport», a ironisé le ministre Bachand.

Cette année, le déficit prévu est de 3,9 milliards et celui des quatre prochaines années pourrait atteindre 11 milliards.