Cossette (T.KOS) l'a confirmé: les ex-cadres qui tentent de mettre le grappin sur la firme de publicité n'ont pas accès aux données financières de l'entreprise et leur offre n'est pas considérée. Raison invoquée: ils en savent trop sur l'entreprise.

Cossette a confirmé que le comité spécial responsable d'évaluer les offres pour acheter l'entreprise a fermé sa salle de données à Cosmos, alors qu'elle l'a ouverte à «un nombre important d'acquéreurs potentiels.» Cossette justifie sa décision par la connaissance intime de l'entreprise qu'ont François Duffar et George Morin, deux ex-dirigeants de Cossette qui ont lancé Cosmos pour avaler leur ancienne entreprise.«Cet avantage pourrait intimider, déranger et ne pas faire l'affaire d'autres acquéreurs potentiels. Ce n'est pas un level playing field (un terrain de jeu équitable pour tous). BMO Marché des capitaux, qui a été sollicité pour chercher d'autres acquéreurs, veut avoir l'assurance d'un vrai processus où tout le monde a la même chance», a expliqué hier à La Presse Affaires Marcel Barthe, vice-président, stratégie d'entreprise, de Cossette.

Cosmos a fait une offre hostile pour acquérir Cossette le 20 juillet dernier. Cossette a réagi en créant un comité spécial piloté par BMO Marché des capitaux pour solliciter d'autres offres.

«Je crois que la décision du CA de Cossette et de ses conseillers manque d'objectivité. Face à cette situation, nous explorons toutes les options qui sont devant nous», a dit hier Sylvia Morin, porte-parole de Cosmos, qui n'exclut pas la possibilité de recours juridiques.

Selon Louis Hébert, spécialiste en fusions et acquisitions à HEC Montréal, la bataille qui oppose les dirigeants de Cossette à ceux de Cosmos commence à relever du cas d'espèce.

«Ce qui se passe dans ce cas précis est très peu conventionnel, dit-il. Je crois qu'on déborde des questions de fusions-acquisitions et qu'on a affaire à un conflit de personnalités.»

Difficile à justifier

Selon l'expert, le fait d'écarter Cosmos parce que ses membres connaissent intimement l'entreprise qu'ils veulent acheter est difficile à justifier.

«D'un point de vue strictement logique, ça ne tient pas la route. Ce qu'on voit, c'est un cas où le management ne veut absolument pas être acquis par un certain groupe d'acquéreurs. Ils sont prêts à utiliser tous les arguments imaginables, même s'ils sont non justifiés, pour atteindre cet objectif. Par ailleurs, sans doute que l'acquéreur est prêt à faire à peu près n'importe quoi, dans la mesure de la légalité, pour obtenir ce qu'il veut.»

«Ceux qui souffrent là-dedans, ce sont les actionnaires indépendants, l'entreprise, les employés et les fournisseurs», ajoute M. Hébert.

Marcel Barthe, de Cossette, affirme au contraire qu'il n'y a «aucun conflit de personnalités» et que c'est un comité spécial indépendant, et non la haute direction, qui évalue les offres. L'accès de Cosmos à la salle de données pourrait aussi être «rediscuté», a-t-il révélé.

«Je n'ai pas d'indication que c'est absolu et final. Actuellement, les conditions d'un level playing field ne sont pas respectées. Est-ce que le level playing field va avoir lieu dans le futur? Je ne peux pas le dire pour l'instant.»

Cossette a aussi formellement nié que des dirigeants travailleraient à l'interne pour chercher du financement et faire une contre-offre pour Cossette.

Le titre de Cossette a gagné 5 cents, ou 0,93% hier, pour clôturer à 5,41$, bien au-dessus des 4,95$ offerts par Cosmos.