La baisse marquée de la pauvreté masque une autre réalité, pourtant évidente. L'écart entre les plus riches et les plus pauvres s'est accru au cours des dix dernières années, et on n'a pas besoin de statistiques pour le constater autour de nous.

Contrairement au niveau de pauvreté, une réalité complexe et difficile à définir, les inégalités sociales se mesurent à l'aide d'une méthode largement utilisée un peu partout dans le monde, le coefficient de Gini. Cette mesure varie entre 0 pour les sociétés où les inégalités n'existent pas, jusqu'à 1, où les inégalités sont le plus prononcées.

Selon une étude de l'Organisation de coopération et de développement économique (OCDE) publiée l'an dernier, le fossé entre les riches et les pauvres s'est élargi au cours des deux dernières décennies dans la plupart des pays industrialisés, dont le Canada, les États-Unis et l'Allemagne.

L'étude de l'OCDE indique que les inégalités sont généralement plus élevées dans les pays anglo-saxons et moins élevées dans les pays scandinaves et en Europe de l'Ouest.

En utilisant des données similaires, Pierre Fortin a établi que le Canada est un pays plus égalitaire que les États-Unis ou la Grande-Bretagne mais moins que la France et l'Allemagne.

Fait à souligner, l'économiste a calculé que les inégalités telles que mesurées par le coefficient de Gini sont moins prononcées au Québec qu'ailleurs au Canada. Le fossé entre les riches et les pauvres s'est creusé comme ailleurs au cours des dernières années, mais de façon moins marquée.

Le fait que le fossé entre les riches et les pauvres soit un peu moins large au Québec s'explique, entre autres, par nos taux d'imposition plus progressifs.

L'inégalité et la pauvreté sont deux phénomènes différents, mais un niveau élevé d'inégalités va généralement de pair avec un niveau élevé de pauvreté, explique Pierre Fortin. Moins pauvre, moins inégalitaire, le Québec supporte bien la comparaison avec les autres, a constaté l'économiste.

Il y a 400 000 pauvres de moins qu'il y a 10 ans au Québec. Mais il reste encore un peu plus de 800 000 personnes qui n'ont pas un revenu suffisant pour subvenir à leurs besoins.