Earl Jones s'est payé au moins 12,3 millions $ à même l'argent de ses clients, dont 8,1 millions pour ses dépenses personnelles, selon le rapport préliminaire déposé ce matin par le syndic de la Corporation Earl Jones. La somme finale de la supposée fraude pourrait être plus élevée, car les relevés bancaires de Earl Jones pour les années 2000 à 2007 demeurent introuvables.

Selon le rapport du syndic nommé par la cour dans le cadre de la faillite de Corporation Earl Jones, le présumé conseiller financier s'est payé 2,99 millions $. Sa femme a reçu 881 000 $, tandis que leurs paiements conjoints totalisent 780 000 $. Ces sommes représentent les montants qu'ils ont reçus pour 15 des 23 années de la supposée fraude. Seuls les relevés bancaires des années 1987 à 1999 ainsi que des années 2008 et 2009 ont été retrouvés pour l'instant par le syndic.

Toujours sur 15 des 23 ans de la supposée fraude, Earl Jones a dépensé 912 000 $ pour l'achat d'immeubles, 169 000 $ pour l'achat de voitures, 610 000 $ pour l'entretien, la réparation et l'ameublement de ses propriétés, 593 000 $ pour l'étude de ses enfants. Il a aussi retiré 886 000 $ en argent comptant, 530 000 $ pour payer ses cartes de crédit personnelles et 290 000 $ pour d'autres dépenses personnelles.

Ses dépenses personnelles payées à même l'argent de ses clients totalisent 8,1 millions de dollars.

En plus de ses dépenses personnelles, Earl Jones s'est payé des honoraires (ainsi qu'à ses employés) de 2,4 millions de dollars, a investi 1,1 million dans divers projets, a payé 178 000 $ à une autre personne non-identifiée, et a transféré 497 000$ aux Bermudes. Pour l'instant, il est impossible de savoir quelle portion de ces sommes a été touchée par Earl Jones.

Le total des dépenses non-reliées aux opérations de Corporation Earl Jones qui ont été payées avec l'argent de ses clients est estimé à 12,3 millions par le syndic. Cette somme inclut seulement les dépenses des années 1987 à 1999 ainsi que 2008 et 2009.

Le syndic Gilles Robillard, de la firme RSM Richter, n'a pas identifié d'actifs importants pouvant rembourser les créanciers de Earl Jones. Il pense qu'Earl Jones a encaissé son RÉER, sa police d'assurances et ses investissements au début de l'année 2009. « Il semble (...) que ces montants aient été payés en faveur de sa femme «, écrit-il dans son rapport.

Selon le rapport du syndic, Earl Jones transigeait avec 93 institutions financières, dont 50 banques se trouvant au Canada, aux États-Unis, en Irlande, aux Bermudes, aux îles Cayman, en Angleterre et en Suisse. La communauté fiscale internationale considère les Bermudes et les îles Cayman comme des paradis fiscaux. La Suisse est un pays réputé pour protéger le secret bancaire.

Earl Jones faisait aussi affaire avec 13 cabinets d'avocats et de notaires, ainsi que 12 entreprises de courtage, sept entreprises de gestion de biens, six sociétés d'assurances, un fonds de couverture (hedge fund), une entreprise de conseils en retraite, une agence de voyage et une société en fiducie.

Selon le rapport du syndic, « Earl Jones semble avoir utilisé de façon illégale les fonds de ses clients pour usage personnel depuis le milieu des années 1980 «. La fraude pourrait totaliser entre 30 et 50 millions selon l'Autorité des marchés financiers, mais le syndic Gilles Robillard n'a retracé que 12,3 millions pour l'instant.

Près de 250 créanciers se sont faits prendre par Earl Jones, dont certains sont des proches et de la famille du présumé fraudeur.

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