Le géant pétrolier Royal Dutch Shell songe à fermer sa raffinerie de Montréal et à se départir de ses activités au Québec et dans les Maritimes.

Une révision stratégique de ces activités est en cours actuellement chez Shell, dont l'issue pourrait être la fermeture de la raffinerie, ont appris avec stupéfaction hier les employés de la raffinerie de Montréal-Est. «On est très inquiets, a fait savoir Jean-Claude Rocheleau, président du syndicat qui représente les 350 employés syndiqués de la raffinerie. On ne comprend pas, avec tout l'argent que les pétrolières font...»

Shell dit jongler avec plusieurs possibilités, parmi lesquelles figurent la vente de la raffinerie en tout ou en partie, sa transformation en terminal pétrolier ou la fermeture pure et simple.

La raffinerie de Shell emploie au total 550 personnes à Montréal, cadres et syndiqués confondus. L'entreprise possède deux autres raffineries, à Sarnia en Ontario et à Fort Saskatchewan, en Alberta. Celle de Montréal a fêté l'an dernier son 75e anniversaire et ses vénérables installations nécessiteraient de nouveaux investissements. Sa capacité de 130 000 barils par jour est considérée comme très modeste selon les normes de l'industrie. Par comparaison, la raffinerie d'Ultramar à Lévis traite 265 000 barils de pétrole brut par jour.

L'entreprise a confirmé hier en fin de journée qu'elle songeait aussi à se départir de son réseau de distribution d'essence au Québec et dans les Maritimes.

L'abandon des activités de raffinage et de distribution est une tendance lourde chez les grandes pétrolières, qui veulent se consacrer à l'exploration et à la production de pétrole. Royal Dutch Shell, qui a annoncé en mai dernier une restructuration de toutes ses activités dans le monde, s'est déjà délestée de ce type d'activité en Europe et en Afrique.

Exxon Mobil, géant pétrolier américain, a commencé à faire la même chose et a vendu une partie de son réseau de distribution américain à Couche-Tard.

Le raffinage et la commercialisation sont des activités rentables, mais exigeantes sur le plan de la gestion. C'est aussi un secteur cyclique qui, après plusieurs années florissantes, est actuellement dans une mauvaise passe. Les acheteurs risquent donc d'être rares pour les installations de Shell.

Royal Dutch Shell n'a pas d'autres activités au Québec et dans les Martimes, mais elle a investi énormément dans les sables bitumineux de l'Alberta.

L'entreprise n'a pas demandé à ses employés de Montréal de faire des sacrifices pour réduire ses coûts, ce qui indique que sa décision n'est pas motivée par des raisons économiques. C'est d'ailleurs ce qui désole le plus les syndiqués, dont le contrat de travail se termine le 31 janvier prochain. «Ce sont des jobs avec de bons revenus», rappelle le représentant syndical, Jean-Claude Rocheleau.

Selon lui, le manque de capacité de raffinage pose déjà des problèmes et la fermeture d'une autre raffinerie pourrait faire augmenter les prix à la pompe.

La direction de Shell a indiqué que les résultats de l'exercice de révision de ses activités du Québec et des Maritimes seraient connus à l'automne.