En raison de la récession, le Port de Montréal repousse d'au moins un an la mise en oeuvre de son plan d'expansion Vision 2020, conçu en pleine période de croissance du trafic maritime, l'année dernière.

C'est ce qu'a indiqué la présidente-directrice générale par intérim de l'Administration portuaire de Montréal, Sylvie Vachon, en marge de la réunion annuelle de l'organisme fédéral, jeudi.

«Tout est en marche, mais peut-être que des contrats qui auraient pu être donnés au mois d'avril seront donnés au mois d'août», a expliqué le président du conseil d'administration du Port, Michel Lessard, en conférence de presse.

«Si la cadence des années antérieures avait été maintenue, c'est certain que les pressions (en faveur de l'expansion) auraient été beaucoup plus fortes», a-t-il souligné.

Le plan Vision 2020 vise à tripler, d'ici 2020, la capacité de manutention de conteneurs du port en réaménageant l'espace et en construisant de nouveaux terminaux.

La première phase, amorcée en 2007, se concentre sur l'optimisation des installations existantes et doit faire passer la capacité du port de 1,4 à 2 millions de conteneurs. Elle devait prendre fin en 2011, un échéancier qui pourrait désormais être repoussé.

On a aussi lancé les études de faisabilité de la deuxième phase, qui prévoit d'ici 2013 la construction d'un nouveau terminal, Hochelaga-Viau, d'une capacité de 500 000 conteneurs. Ces travaux seront retardés d'au moins un an, a précisé Mme Vachon. Trois autres phases sont aussi prévues.

«Au début de 2009, considérant la situation à l'échelle mondiale, les administrateurs ont demandé à la direction de reconsidérer les échéanciers du plan stratégique afin de le mettre en concordance avec l'évolution des marchés», a déclaré M. Lessard pendant la réunion de jeudi, en laissant entendre que cette décision avait joué un rôle dans le départ, en mars, de l'ancien PDG, Patrice Pelletier, à peine un an et demi après sa nomination.

On avait alors évoqué des «perspectives différentes» entre le conseil d'administration et M. Pelletier pour justifier le départ.

Le président du conseil a toutefois tenu à assurer que Patrice Pelletier n'avait commis aucune «faute», le présentant comme un «travailleur infatigable».

Le plan Vision 2020 demeure pertinent dans son intégralité malgré le départ de M. Pelletier, a martelé Michel Lessard, qui préside le conseil depuis deux semaines, en remplacement de Marc Bruneau.

Beaucoup d'éléments du plan stratégique doivent encore être ficelés, notamment son financement. La direction compte notamment sur l'appui des gouvernements, des sociétés ferroviaires et des entreprises qui utilisent les installations portuaires.

Résultats

Le Port de Montréal a connu en 2008 une année record, faisant transiter 27 millions de tonnes de marchandises, un chiffre en hausse de 3,9 pour cent par rapport à 2007. Le volume de marchandises conteneurisées a crû de 7,4 pour cent, alors que le trafic de conteneurs a fléchi de 3,4 pour cent dans l'ensemble des ports nord-américains.

Le bénéfice net a atteint 10,8 millions $, en hausse de 28,6 pour cent, sur des revenus de 88,9 millions $, en augmentation de neuf pour cent.

Les plus fortes croissances ont été enregistrées sur des parcours non traditionnels: la route de la Méditerranée (via notamment le port de Valence, en Espagne) a connu une croissance de 28,4 pour cent alors que celle des Antilles (via le port de Freeport, aux Bahamas), a inscrit une progression de 37,2 pour cent.

Depuis novembre, toutefois, le Port de Montréal ressent les effets du ralentissement économique mondial. Au premier trimestre de 2009, terminé à la fin mars, le trafic total a plongé de 14 pour cent par rapport à la même période de l'an dernier.

Le mois de janvier a été particulièrement difficile, avec un recul de 24,1 pour cent du trafic de conteneurs. La situation s'est améliorée en février et en mars, mais s'est de nouveau détériorée en avril, alors qu'on a enregistré une baisse de 22,5 pour cent du trafic de conteneurs en rythme annuel.

«Notre expérience montre que les trafics varient de façon assez erratique pendant les récessions», a relevé Sylvie Vachon.

Le conseil d'administration se donne jusqu'à la fin de l'été pour trouver le remplaçant de Patrice Pelletier. Mme Vachon, qui était auparavant vice-présidente du Port, n'a pas voulu dire si le poste l'intéressait.