L'ex-numéro un du Mouvement Desjardins, Claude Béland, a deux raisons majeures de rejeter la nomination de Michael Sabia à la tête de la Caisse de dépôt : il doute de sa compétence et de son attachement au Québec.

Il estime que M. Sabia devrait avoir le «beau geste» de se retirer de ce poste et de demander un processus de nomination transparent et sans controverse. «Écoutez, quand on a mis Richard Guay à la tête de la Caisse, il y avait des dizaines de candidats. C'est surprenant que quand M. Guay n'a pu continuer à son poste, il n'y avait plus de candidats. Il me semble que j'aurais choisi le deuxième, ou le troisième!»

M. Béland a fait ces déclarations ce matin dans un hôtel du Vieux-Montréal, en marge de la présentation du rapport annuel du Conseil d'éthique de l'industrie québécoise des boissons alcooliques, dont il est le président. Le président du Mouvement Desjardins de 1987 à 2000 s'est d'abord dit «inquiet» du bagage de M. Sabia à titre de PDG de BCE.

«J'ai suivi de près le dossier de BCE et je trouve qu'il n'a pas fait un travail extraordinaire. Je me demande si c'est ce genre de travail qu'il va faire à la Caisse de dépôt.»

L'autre motif d'inquiétude, c'est l'aspect fortement symbolique de la Caisse de dépôt au Québec qui serait mal servi par une nomination comme celle de M. Sabia. «Le président de la Caisse représente une institution québécoise fondamentale, culturelle, identitaire. Je trouve qu'il n'a pas le profil de ça.»

M. Béland, souverainiste convaincu, assure n'avoir aucune objection à voir un fédéraliste à la tête de l'institution. «Quand on parle des fédéralistes, ce ne sont pas des gens qui veulent exclure le Québec. Ça ne m'agace pas. Mais va-t-il avoir le «réflexe Québec»? Ça, c'est dans son coeur ça, ce n'est pas dans la tête. Et je ne suis pas sûr qu'il ait ça dans le coeur.»

À cause de ces faiblesses, M. Béland souhaite que l'équipe entourant le PDG de la Caisse de dépôt soit plus présente. «J'espère qu'il va mettre son équipe en évidence. Je souhaite que la Caisse de dépôt ne soit pas toujours l'affaire d'un seul homme, mais une affaire d'équipe.»