Une éventuelle percée dans le secteur du sans-fil par Cogeco Communications s'effectuerait d'abord dans des régions du Québec et de l'Ontario où l'entreprise offre déjà ses services de câblodistribution et d'internet.

Toujours prudent dans ses commentaires, le président et chef de la direction de l'entreprise, Louis Audet, voulu faire le point sur ce dossier, jeudi, disant vouloir répondre à de nombreuses questions de la part d'investisseurs.

Dans le passé, l'entreprise de télécommunications s'est tenue loin du marché du sans-fil en raison des coûts associés à la mise en place de ce service et des risques élevés d'échec pour les nouveaux entrants.

Au cours d'une conférence téléphonique avec les analystes, M. Audet a toutefois estimé que l'environnement actuel semblait plus favorable à l'arrivée de joueurs supplémentaires, étant donné que le gouvernement fédéral semblait plus attentif aux frustrations des consommateurs à l'égard des prix élevés des forfaits.

«Nous demeurons intéressés à proposer des services sans fil pour compléter notre offre de service aux clients qui se trouvent dans nos marchés desservis par la câblodistribution pour augmenter notre part des dépenses des consommateurs en télécommunications», a-t-il dit.

L'homme d'affaires a également affirmé que Cogeco disposait de nouveaux outils à sa disposition grâce à son réseau de fibre permettant l'arrivée plus rapide de la technologie 5G dans les marchés qu'elle dessert.

Le réseau de la société, qui concurrence principalement Bell Canada et Telus, est plus dense dans les régions du Québec et de l'Ontario à l'extérieur des grands centres urbains.

«Actuellement, il y a une occasion de faire table rase, de faire abstraction des infrastructures existantes pour utiliser directement de nouvelles technologies», a expliqué M. Audet, dans ses remarques aux analystes.

En équipe

Une incursion dans le sans-fil de la société québécoise se ferait fort probablement par l'entremise d'un partenariat avec un des opérateurs de téléphonie mobile sans réseau (MVNO), qui louent des services d'accès auprès d'entreprises de télécommunications sans fil dotées d'installations.

Plus tôt cette année, le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC) avait signalé son intention de se pencher sur le contexte réglementaire actuel, qui a empêché l'émergence des MVNO au pays.

L'an dernier, Ottawa avait demandé à l'organisme réglementaire de revoir sa décision prise l'an dernier contre la jeune entreprise Sugar Mobile, qui comptait sur le réseau de Rogers pour fournir ses services par l'entremise d'un réseau mobile virtuel.

Adam Shine, de la Financière Banque Nationale, a rappelé, dans une note envoyée par courriel, que Cogeco avait déployé des sommes relativement peu élevées pour acquérir des licences de spectre. L'analyste a expliqué que la société pourrait se servir de ces actifs en vue d'un éventuel partenariat.

Profits nets en baisse

Au troisième trimestre terminé le 31 mars, Cogeco, qui tire la majorité de ses revenus de sa filiale Cogeco Communications, a affiché un bénéfice net de 25 millions $, ou 1,53 $ par action, en baisse de 16,9 % sur un an.

Toutefois, les revenus ont affiché une progression de 11,6 %, s'établissant à 668,9 millions.

Pour sa part, Cogeco Communications a vu ses profits nets fléchir d'environ 20 %, à 61,3 millions, ou 1,24 $ par action. Son chiffre d'affaires a augmenté de 12,7 % pour atteindre 637,1 millions, essentiellement stimulé par une croissance de 44 % au sein du secteur des services internet à large bande aux États-Unis.

Les analystes sondés par Thomson Reuters Eikos tablaient sur des recettes de 634,9 millions ainsi que sur un bénéfice net par action de 1,51 $.

En dépit d'un recul des profits nets, les actionnaires de Cogeco et de Cogeco Communications ne se sont pas montrés effrayés.

L'action de l'entreprise québécoise a pris 5,20 $, soit 9 %, à la Bourse de Toronto, où elle a clôturé à 63,18 $. Le titre de Cogeco Communications a pour sa part terminé la séance à 70,93 $, en hausse de 5,82 $, ou 8,9 %.