Le monde a atteint un «moment décisif» et il a besoin du libre-échange pour sortir de la pauvreté ceux qui ont été oubliés par la mondialisation, faute de quoi il se dirigera tout droit vers un échec, a prévenu mercredi le premier ministre canadien Justin Trudeau.

M. Trudeau a lancé ce sévère message antiprotectionniste à l'occasion d'une conférence de leaders d'affaires internationaux dans la ville de Guangzhou, dans le sud de la Chine.

M. Trudeau prenait la parole devant le forum mondial Fortune, après avoir amorcé sa journée, mercredi en Chine, par une rencontre avec le vice-premier ministre chinois Wang Yang.

Le premier ministre a fait la promotion du Canada comme un excellent endroit pour les investissements étrangers. Il a affirmé aux leaders d'affaires que le Canada est une destination stable et prévisible pour les investissements, pouvant compter sur un système bancaire solide.

M. Trudeau a aussi indiqué que la mondialisation avait abandonné à leur sort certains individus, et qu'un secours devait leur être accordé pour contribuer à leur réussite.

Il a ensuite dérogé des remarques qu'il avait préparées pour se porter à la défense du libre-échange.

«Nous avons atteint un moment décisif et nous devons décider si nous allons travailler ensemble de manière ouverte et confiante et réussir, ou si nous allons chacun échouer dans notre isolement, a-t-il prévenu. Quand la nervosité se propage, les gens se replient sur eux-mêmes. Ils se ferment au monde. Ils ont peur. Si cela continue à se produire, ne vous y trompez pas, nous serons tous perdants.»

M. Trudeau n'a pas mentionné l'administration américaine de Donald Trump, mais il a évoqué depuis le début de son périple en Chine la nécessité de sauver l'Accord de libre-échange nord-américain (ALÉNA). Il a en revanche décrit la Chine comme une «âme soeur économique», déclarant qu'elle est «bien alignée» sur le Canada pour défendre les échanges commerciaux libres.

Le Canada et la Chine essaient toujours de s'entendre pour lancer des discussions formelles sur un accord de libre-échange. La tâche a été confiée au ministre du Commerce international François-Philippe Champagne, qui est resté à Pékin quand le premier ministre est parti pour Guangzhou.

M. Trudeau a renoué son amitié avec Jack Ma, le fondateur du géant asiatique du commerce en ligne Alibaba. Ce dernier a louangé le premier ministre pour une nouvelle politique qui accélérera l'émission de visas aux travailleurs qualifiés.

«Ce sera une nouvelle fantastique pour les jeunes Chinois», a dit M. Ma.

Les deux hommes se sont rencontrés dans un hôtel de 36 étages en plein coeur de la ville. M. Trudeau a déclaré que le Canada est en voie de devenir «la destination de choix pour les compagnies qui veulent passer à l'étape suivante» de leur développement. Il a ajouté que le Canada se positionne comme leader mondial dans les domaines de l'intelligence artificielle, de la robotique et de l'informatique quantique. Il a ensuite dit que le système bancaire stable du Canada en fait une destination de choix pour les investissements.

M. Trudeau a précisé que les négociations de libre-échange entre les deux pays devront inclure des éléments comme l'égalité des sexes, l'environnement et les droits des travailleurs.

«La Chine et le Canada croient tous deux que le progrès passe par l'ouverture et la collaboration. La fermeture de nos portes ne pourrait que nuire à nos entreprises et à nos citoyens. La vieille façon de faire n'est plus la bonne», a dit le premier ministre.