La Grèce a été sommée vendredi par la zone euro et la Commission européenne, réunies à Bratislava, d'avancer sur les réformes qu'elle avait promises en échange d'un gigantesque plan d'aide.

«Nous avons perdu beaucoup de temps (...) La pression est de retour. Nous avons vraiment besoin de progresser. L'été est terminé. Il faut ranger le matériel de camping», a carrément prévenu le président de l'Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem, lors d'une réunion des 19 ministres des Finances de la zone euro dans la capitale slovaque.

«À la fin du mois, j'espère que nous aurons progressé. Il y a des déboursements qui restent liés à un certain nombre d'étapes qui doivent être franchies», a rappelé le ministre néerlandais.

Le commissaire européen aux Affaires économiques et financières, Pierre Moscovici, a abondé: «Ce n'est pas un secret ou un mystère qu'il y a encore du travail à faire pour compléter ces réformes». «On aurait pu souhaiter les voir plus avancées au stade où nous sommes», a observé M. Moscovici.

Ce dernier s'est cependant félicité d'une «intensification des efforts des autorités grecques» ces derniers jours, ajoutant que le ministre grec des Finances, Euclide Tsakalotos, avait assuré que la mise en oeuvre de ces réformes serait achevée à la fin du mois.

Athènes et les pays de la zone euro s'étaient entendus en juillet 2015 sur un troisième plan d'aide prévoyant l'octroi de crédits jusqu'à 86 milliards d'euros à la Grèce, qui de son côté s'était engagée à un certain nombre de réformes.

Le début de leur mise en oeuvre a traîné. Mais celles-ci enclenchées, la zone euro avait versé en juin une tranche de crédits de 7,5 milliards d'euros à Athènes pour lui permettre de rembourser des crédits antérieurs.

Ce mois-ci, 2,8 milliards d'euros lui sont promis à condition qu'elle continue ses réformes. Parmi ces dernières, la zone euro, créancière d'Athènes, compte surtout sur des avancées sur les privatisations, le marché de l'énergie et la création d'une autorité indépendante pour surveiller les revenus publics, selon une source européenne.

La Grèce est particulièrement attendue sur le Fonds de privatisation grec: des pays comme l'Allemagne ont certaines réserves quant aux propositions faites par Athènes sur les trois personnalités grecques chargées de la représenter au sein du conseil exécutif de ce fonds.

Vendredi, parallèlement à la réunion des ministres de la zone euro à Bratislava, se déroule à Athènes un sommet des dirigeants des pays méditerranéens de l'UE, dont le Français François Hollande et l'Italien Matteo Renzi, qui a pour objectif de dégager une plate-forme commune afin de desserrer le carcan budgétaire européen.

Interrogé sur cette réunion à Athènes, le ministre allemand des Finances, le conservateur Wolfgang Schäuble, a déclaré: «Je croyais que c'était une réunion de chefs de partis, je ne la commente pas».

Et d'objecter: «En outre, quand ce sont des dirigeants de partis socialistes qui se rencontrent, la plupart du temps, il n'en sort pas quelque chose de terriblement intelligent».