La Grèce et ses créanciers se sont encore donnés jusqu'à samedi, après plusieurs séances de discussions infructueuses jeudi, pour tenter de boucler un accord permettant de reprendre le renflouement d'Athènes et éviter au pays un défaut de paiement.

Réunis en sommet à Bruxelles, les chefs d'État et de gouvernement ont discuté du cas grec pendant deux heures, mais se sont refusés à arbitrer dans les différends persistants entre Athènes et ses créanciers sur les réformes à mener et les coupes budgétaires à faire par le pays, a indiqué une source européenne.

Ils ont renvoyé un possible accord à leurs ministres des Finances, avec une nouvelle réunion prévue samedi, a-t-elle précisé.

«Samedi serait un bon moment pour un accord», a estimé une source grecque, à temps pour que le parlement grec l'avalise dimanche, comme le souhaitent les créanciers.

Mais le flou régnait sur le format des discussions encore à mener d'ici là.

Réunis avant le sommet, pour la quatrième fois en une semaine, les ministres des Finances de la zone euro n'ont pas pu rapprocher les deux feuilles de route présentées, l'une par les institutions créancières - BCE, FMI et Commission européenne -, l'autre par la partie grecque.

Ils se sont séparés au bout de trois heures en confiant au trio des institutions la tâche «d'intégrer si possible» des positions grecques à leurs propositions, a indiqué une autre source européenne.

«Oui ou non»

«Les Grecs devront dire oui ou non» à cette nouvelle mouture, a-t-elle ajouté.

«La discussion continue aujourd'hui, demain, avec comme objectif d'arriver à la convergence», a déclaré le ministre grec Yanis Varoufakis.

Dans l'attente, le ton virait à l'aigre. «Mercredi les créanciers nous proposent une TVA à 23% sur la restauration et à 13% sur l'hôtellerie, jeudi, une fois que nous leur avons expliqué les problèmes que cela pose en terme de compétitivité pour le toutime, ils proposent 13% sur la restauration et 23% sur l'hôtellerie», affirmait une source grecque.

Le premier ministre de gauche radicale Alexis Tsipras s'en est aussi pris devant ses homologues aux «extrémistes qui ne sont pas disposés à participer à une solution». Il s'était pourtant affiché «confiant» à son arrivée au sommet.

L'allemand Wolfgang Schäuble avait pour sa part estimé que la Grèce et ses créanciers étaient «encore plus éloignés» qu'avant.

«D'après ce que j'ai entendu aujourd'hui, nous n'avons pas encore fait les progrès nécessaires», a également déclaré la chancelière Angela Merkel, à son arrivée au sommet, évoquant elle aussi un retour en arrière.

S'il a jugé que les deux parties n'étaient «pas loin d'un accord», le président français François Hollande a souligné qu'il ne fallait plus perdre de temps, alors que «la Grèce n'en a plus».

La date-butoir est le 30 juin, à laquelle la Grèce doit honorer un remboursement au Fonds monétaire international (FMI).

Le déblocage d'une tranche de prêt en suspens depuis presque un an, de 7,2 milliards d'euros sera nécessaire pour qu'Athènes honore cette échéance.

«La poule et l'oeuf»

Derrière un défaut de paiement au FMI se profile la menace d'une sortie de la Grèce de la zone euro, un «Grexit», scénario catastrophe pour les responsables européens et pour beaucoup de Grecs qui veulent rester dans l'euro.

À Washington, un porte-parole du FMI a déclaré jeudi «s'attendre à ce que le paiement soit fait le 30 juin» , se référant aux assurances données récemment par Athènes.

Pour que le gouvernement grec ait touché ses fonds d'ici là, l'accord salvateur doit être validé, après le feu vert du parlement grec, par la chambre basse du parlement allemand, le Bundestag.

Porté au pouvoir sur un engagement anti-austérité, M. Tsipras est écartelé entre les exigences des créanciers et la pression de son parti de gauche radicale Syriza et de ses électeurs contre des mesures qui aggraveraient la pauvreté dans le pays à l'économie en berne.

Outre la TVA, la réforme du système des retraites reste un point d'achoppement majeur, avec en arrière-fond la question de l'insoutenable dette publique grecque.

Berlin ne veut pas entendre parler d'allègement de la dette avant d'avoir des engagements clairs sur les réformes, mais M. Tsipras pose la condition inverse et veut aussi des garanties sur le financement les mois à venir. «C'est la poule et l'oeuf», selon une source européenne.