La Chine va mettre fin à un plafond restreignant les prêts que peuvent accorder les banques commerciales - un pas supplémentaire pour libéraliser davantage un secteur bancaire étroitement encadré et donner leur plein effet aux mesures d'assouplissement monétaire de Pékin.

Les établissements bancaires chinois ne seront désormais plus obligés de limiter le volume de leurs prêts à 75% du niveau de leurs dépôts - un ratio prêts/dépôts -, selon un communiqué du gouvernement chinois diffusé après une réunion régulière mercredi.

La proposition doit encore être approuvée par l'Assemblée nationale populaire (ANP), chambre d'enregistrement législative du régime, avant d'entrer en vigueur.

Les autorités de régulation continueront de «surveiller» ce ratio prêts/dépôts pour s'assurer de la solidité financière des établissements, mais ceux-ci ne seront plus tenus de respecter la limite des 75%.

Ce plafond avait été imposé aux banques commerciales en 1998, mais est désormais «anachronique» à une époque où les établissements financiers ont des possibilités de lever des fonds en dehors de leurs dépôts, expliquait jeudi le Quotidien du Peuple, organe du Parti communiste.

Selon des analystes, la disparition de cette limite permettra aux institutions financières, et particulièrement aux banques de taille modeste, de prêter davantage et à des conditions plus avantageuses.

Surtout, cette décision pourrait permettre à certaines mesures d'assouplissement monétaire de la banque centrale (PBOC) de faire pleinement effet: la PBOC a abaissé à plusieurs reprises depuis novembre le ratio de réserves obligatoires imposé aux banques pour les inciter à accroître leurs prêts, mais cela n'avait eu qu'un impact mitigé sur le niveau général du crédit dans le pays.

Pour autant, les analystes restaient circonspects jeudi, et de l'avis général, on ne doit pas s'attendre à un déferlement de nouveaux prêts dans l'économie réelle.

«Lever le ratio prêts/dépôts va certes aider les banques à augmenter leurs prêts, mais l'impact à court terme sur le volume de crédit restera probablement marginal», observaient ainsi les experts de la maison de courtage Nomura.

Pour eux, les difficultés actuelles ne disparaîtront pas de sitôt: la demande affaiblie de prêts sur fond de ralentissement économique, et la prudence exacerbée des banques face à des cas à répétition de défauts de paiement (elles préfèrent ainsi prêter à de solides groupes d'État plutôt qu'à des firmes privées).

Mais à terme, insistaient de leur côté les économistes de la banque ANZ, le changement devrait tout de même «contribuer à abaisser le coût du crédit (les coûts que subissent les entreprises pour se financer, NDLR) et améliorer les mécanismes de transmission des politiques monétaires».