L'activité privée a continué de progresser en novembre dans la zone euro, mais a montré des signes de ralentissement pour le deuxième mois consécutif, mettant en évidence la fragilité de la reprise en particulier en France.

Le PMI composite de la zone euro s'est établi à 51,5 contre 51,9 en octobre, selon une première estimation publiée jeudi par le cabinet Markit. C'est moins bon que prévu: les analystes tablaient sur un indice à 52 points.

L'indice est à son plus bas niveau en trois mois mais reste toutefois au-dessus de la zone de contraction pour le cinquième mois consécutif.

Lorsque l'indice dépasse les 50 points, cela signifie que l'activité progresse, tandis qu'elle se replie s'il est en dessous de ce seuil.

Ce ralentissement est «principalement dû aux données françaises qui sont décevantes», estime Johannes Gareis de Natixis. L'activité du secteur privé français s'est contractée en novembre, pour la première fois depuis trois mois. Le PMI est passé de 50,5 points à 48,5 points en novembre.

Pendant ce temps, l'activité privée a continué de se montrer vigoureuse outre-Rhin, signe «que la zone euro s'appuie sur le moteur de la croissance allemande», souligne l'analyste de Natixis. Le PMI allemand est passé de 53,2 à 54,3 en novembre, son plus haut niveau en dix mois.

Tous ces chiffres sont «une douche froide pour ceux qui s'attendaient à une reprise économique rapide dans la zone euro», indique l'analyste de Natixis.

«Il est trop tôt pour s'inquiéter d'un retour en récession mais le deuxième ralentissement de la croissance met en évidence combien la reprise de la zone euro est fragile», renchérit Martin Van Vliet, économiste pour la banque ING.

Les données pour les autres pays couverts par l'enquête n'ont pas encore été fournies mais elles ont probablement «fléchi en novembre». «Si cela devait persister dans les prochains mois, cela pourrait devenir une source de préoccupation», avance Sofia Rehman, de la banque Credit Suisse.

Dans le détail, la production manufacturière dans la zone euro a continué de progresser à un rythme soutenu en novembre (indice à 51,5 contre 51,3 en octobre), sa croissance restant supérieure à celle de l'activité du secteur des services (indice à 51,6 contre 50,9 le mois précédent), à son plus bas niveau depuis août.

«Ce nouveau repli de l'indice PMI, pour le deuxième mois consécutif, laisse à penser que la Banque centrale européenne a vu juste en abaissant ses taux directeurs à un plus bas historique lors de sa dernière réunion», estime Chris Williamson, chef économiste chez Markit.

L'institut monétaire vient de baisser son principal taux directeur à 0,25%, soit le niveau le plus bas de son histoire, face à une inflation faible et à une reprise économique poussive.

Pour l'économiste de Markit, ce nouveau ralentissement de la croissance «va inciter les responsables politiques à prendre de nouvelles mesures pour éviter que la zone euro n'entre une nouvelle fois en récession».

Selon les données officielles d'Eurostat, la reprise a montré des signes d'essoufflement en zone euro cet été: le Produit intérieur brut a progressé de 0,1% de juillet à septembre, bien moins qu'au trimestre précédent (+0,3%) où la zone euro était sortie de récession.