Les banques suisses pourraient s'adapter à un assouplissement significatif de leur sacro-saint secret bancaire, mais seulement si des normes globales sont créées pour l'échange d'informations pour lutter contre l'évasion fiscale, a affirmé le président de l'Association suisse des banquiers dans une entrevue publiée dimanche.

«Aujourd'hui, il n'y a pas de norme mondiale» pour l'échange automatique d'informations bancaires, a relevé Patrick Odier dans le journal dominical suisse-allemand NZZ am Sonntag.

«Si cela changeait, nous pourrions également nous adapter», a-t-il dit, soulignant l'importance de la participation de la Suisse à la création de ces futures normes.

En Suisse, le secret bancaire a pendant des décennies été considéré comme une pratique immuable visant à la protection de la vie privée, de la même façon que le secret médical.

Bien que le pays alpin ait récemment pris des mesures drastiques contre les fonds non déclarés pour effacer sa réputation de paradis fiscal, il a jusqu'ici obstinément refusé d'envisager tout échange automatique d'informations bancaires.

Pour M. Odier, la meilleure plate-forme pour la création de normes mondiales sur le transfert de données bancaires est l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE).

La Suisse est l'un des 14 pays qui n'ont pas encore signé les principes de base pour un échange d'informations bancaires dans le cadre des lignes directrices du Forum mondial de l'OCDE.

Le patron de l'Association suisse des banquiers a déclaré dans l'entrevue qu'il était vital que la Suisse soit «représentée par les meilleures personnes possibles, de sorte que nous puissions avoir notre mot à dire dans l'élaboration des normes», exhortant également Berne à être «proactif» dans les discussions sur la fiscalité avec ses voisins européens.

«Nous ne pouvons pas attendre qu'ils viennent à nous», a-t-il dit.

Il ne s'attend cependant pas à ce que le secret bancaire suisse disparaisse complètement. «Nous devons maintenant créer un secret bancaire qui garantisse la confidentialité mais qui ne puisse pas être détourné à des fins illégales», a-t-il dit.

Ces propos de M. Odier font suite à l'appel vendredi du G20 à la mise en place d'un standard international sur l'échange d'informations bancaires pour lutter contre la fraude fiscale.