Rassérénés par les résultats des élections en Grèce, les dirigeants du G20, Européens en tête, espèrent être en mesure de ramener un peu de confiance dans l'économie mondiale, depuis Los Cabos au Mexique, où débute lundi un sommet de ce club de pays riches et émergents.

Mais leur tâche s'annonce ardue à en juger par la réaction des marchés lundi au lendemain des élections en Grèce. D'abord soulagées par la victoire de la droite, qui devrait être en mesure de former un gouvernement de coalition pro-euro, les places financières ont peu à peu renoué avec le pessimisme. L'Espagne inquiète de nouveau et les taux de ses emprunts à dix ans se sont envolés au-dessus des 7%, un niveau jugé insoutenable à long terme pour les finances publiques espagnoles.

Le résultat des législatives en Grèce avait pourtant été accueilli avec soulagement par les présidents de l'Union européenne Herman Van Rompuy et de la Commission José Manuel Barroso à Los Cabos, cité balnéaire au bord du Pacifique, à l'extrême sud de la Basse-Californie.

«Nous continuerons à soutenir la Grèce en tant que membre de la famille de l'UE et de la zone euro. Nous nous tenons prêts à poursuivre notre assistance», ont déclaré les deux hommes dans un communiqué commun.

Mais la chancelière allemande Angela Merkel a aussi posé ses conditions.

«Les élections ne peuvent remettre en question les engagements pris par la Grèce», a déclaré lundi à Los Cabos Mme Merkel. Le gouvernement «va et doit mettre en oeuvre les engagements» pris, a-t-elle martelé, plaidant pour un retour rapide à Athènes de la Troïka, qui rassemble les bailleurs de fonds de la Grèce.

Nous ne pouvons pas faire de compromis sur les étapes des réformes qui ont fait l'objet d'un accord», a-t-elle encore dit devant quelques journalistes, quelques heures avant le début d'un sommet du G20, qui rassemble pays riches et émergents.

Une conférence téléphonique rassemblant les dirigeants européens membres du G20 a eu lieu dimanche pour évoquer le résultat de cette élection et coordonner la position des Européens avant ce sommet, a indiqué le chef du gouvernement espagnol, Mariano Rajoy. L'Espagne n'est pas formellement membre du G20 mais invitée régulièrement à tous les sommets. Ils se retrouveront lundi soir à l'issue de la première journée du sommet avec le président américain Barack Obama pour s'entretenir de la situation en Europe, ont indiqué lundi des responsables européens.

Le Fonds monétaire international (FMI), très engagé en Grèce, s'est dit de son côté prêt à discuter avec le nouveau gouvernement à Athènes. Le programme du fonds en Grèce représente un quart de ses crédits.

La directrice générale du FMI Christine Lagarde, qui a réclamé une augmentation de ses ressources, espère engranger de nouveaux engagements fermes à Los Cabos. Le G20 a promis en avril de contribuer à augmenter les ressources financières du Fonds monétaire international de plus de 430 milliards de dollars.

Plusieurs pays émergents, dont la Chine, ont promis de souscrire à cette augmentation mais sans révéler de montant. Une réunion des pays émergents formant le groupe des BRICS (Afrique du Sud, Inde, Chine, Russie et Brésil), devait avoir lieu lundi dans la matinée.

«À l'occasion de ce sommet à Los Cabos, un montant spécifique sera annoncé» par les BRICS, a assuré dimanche le vice-ministre chinois des Finances, Zhu Guangyao, lors d'une conférence de presse.

Les pays émergents ont longtemps rechigné à mettre la main au portefeuille, arguant de la nécessité pour les Européens de montrer l'exemple et de résoudre avec leurs propres moyens une crise de la dette qui les mine depuis décembre 2009. Et leur impatience grandit.

Les pays de la zone euro «doivent davantage avoir à l'esprit le fait qu'ils sont dans le même bateau», et comprendre que «personne ne s'en sortira sain et sauf si le navire sombre dans des graves tempêtes économiques», a jugé samedi l'agence officielle Chine nouvelle.

Il est temps que les Européens «retirent les échafaudages» qui encombrent encore le chantier de leur gouvernance, et qu'ils se décident enfin à utiliser les moyens «considérables» à leur disposition pour calmer les marchés, a lancé dimanche Angel Gurria, secrétaire général de l'Orgnisation de coopération et de développement économiques (OCDE).

Peu avant l'ouverture de ce rendez-vous annuel des dirigeants des pays les plus puissants de la planète, les présidents russe Vladimir Poutine et américain Barack Obama devaient se rencontrer pour un entretien sous tension après l'interruption de la mission des Nations unies en Syrie.