Des pattes de porc. Des oreilles, des museaux, des langues, des intestins. Tout du cochon se vend au marché Dong Jiao de Pékin. «De la tête à la queue, rien n'est gaspillé dans la tradition chinoise», dit Martin Charron, responsable de l'accès aux marchés et du développement du commerce chez Canada Porc international.

Bien qu'ils l'ignorent, les Chinois mangent de plus en plus de cochons... canadiens. «Nous avons quadruplé nos exportations en Chine», dit M. Charron, qui a vécu à Pékin. Le Canada a expédié pour 131,2 millions de dollars de porc au cours des neuf premiers mois de 2011, contre 36,6 millions au cours de la même période en 2010.

L'empire du Milieu est le premier producteur mondial de porc, avec 600 millions de têtes, contre à peine 27 millions au Canada. Mais cela ne suffit pas à répondre à la demande des Chinois. «Avec l'augmentation du niveau de vie en Chine, on s'attend à une hausse de la consommation totale de porc», indique M. Charron.

Cela met de la pression sur le prix du porc, responsable à lui seul de 20% de l'inflation en Chine en 2011, selon Reuters. «Le porc coûte beaucoup plus cher qu'avant, a confirmé Kun Ting Wu, une semi-retraitée rencontrée au marché extérieur Yu Yuan de Shanghai. Comme je suis âgée, ce n'est pas très grave, parce que j'en mange moins.» Mais les jeunes raffolent du cochon, viande la plus consommée en Chine.

Marché intéressant pour les abats

Principal avantage du porc canadien: il est en surplus chez nous. C'est particulièrement le cas des «parties moins sexy du cochon», explique M. Charron. «En vendant les abats en Chine, un animal rapporte 105$ plutôt que 100$ au Canada, où il y a moins de demande pour ces produits, illustre-t-il. C'est très intéressant pour une industrie aux marges limitées.»

Mais il y a un os: la ractopamine, un additif approuvé par Santé Canada pour améliorer le gain de poids des porcs et augmenter leur teneur en viande maigre, est interdite en Chine. Le Canada ne peut donc qu'y envoyer du porc élevé sans cette substance, couramment employée chez nous.

«C'est un problème, dit Édouard Asnong, président du conseil de Canada Porc international et éleveur à Pike River. Cela représente un manque à gagner de 3 à 4$ par porc.» Autorisé dans plus de 50 pays, dont les États-Unis et le Japon, l'usage de ractopamine est également interdit en Europe.

LA CHINE EN QUELQUES CHIFFRES

> Population: 1,3 milliard

> PIB par habitant : 2206,3$US en 2009

> Croissance du revenu disponible par personne : +12% par an

> Classe moyenne : entre 100 millions et 247 millions de personnes en 2010

> Exportations agroalimentaires canadiennes en Chine en 2010: 2,7 milliards $ (669 millions en 2006)

> Exportations agroalimentaires québécoises en Chine en 2010: 112 millions $ (40 millions en 2007)

Sources : Agriculture et Agroalimentaire Canada et Statistique Canada