L'euro a chuté vendredi à son plus bas niveau depuis plus de six mois, sous 1,37 dollar, sous l'effet d'un nouvel accès de panique des marchés face à la crise européenne, à laquelle s'est ajoutée la démission d'un responsable de la Banque centrale européenne (BCE).

Vers 18h GMT (14h, heure de Montréal), la monnaie unique européenne valait 1,3693 dollar contre 1,3880 dollar jeudi à 21h GMT (17h, heure de Montréal), après être tombée à 1,3626 dollar, un niveau plus vu depuis le 22 février.

L'euro baissait face au yen à 106,02 yens contre 107,60 yens jeudi.

Le dollar se stabilisait face à la monnaie nippone à 77,42 yens contre 77,52 yens la veille.

«On avait commencé la semaine avec l'idée que la gestion hésitante par l'Europe de la crise commençait à effacer la frontière entre crise bancaire et crise de l'euro. On l'achève avec la même conclusion», a résumé Lena Komileva, de Brown Brothers Harriman.

«Valeurs bancaires qui s'effondrent en Bourse, volatilité renforcée sur les marchés financiers, manque de coordination internationale entre les pouvoirs publics et l'idée que le pire est à venir pour l'économie mondiale: le contexte actuel donne toutes les raisons qu'il faut aux investisseurs pour se protéger de l'instabilité, ce qui bénéficie au dollar», valeur refuge, a-t-elle ajouté.

Le secteur bancaire européen a pâti des propos de la directrice générale du Fonds monétaire international (FMI), Christine Lagarde, qui a une nouvelle fois appelé les établissements du Vieux Continent à renforcer leur capital.

La fébrilité ambiante a été brusquement exacerbée par l'annonce de la démission du chef économiste de la BCE, l'Allemand Jürgen Stark.

«Même s'il a déclaré partir pour des raisons personnelles, sa démission a rapporté l'attention sur les dissensions entre les pouvoirs publics sur l'approche à adopter pour trouver une solution à long terme» à la crise, a commenté Samarjit Shankar, de BNY Mellon.

Jeudi, la Banque centrale européenne avait déjà refroidi le marché des changes en abaissant ses prévisions de croissance pour la région et souligné l'«énorme degré d'incertitude» pesant actuellement sur l'économie mondiale.

Pour les analystes de Lloyds par ailleurs, «les inquiétudes persistantes vis-à-vis de la Grèce continuent de peser sur l'euro».

Selon la presse grecque, une «réunion d'urgence» du FMI doit se tenir mercredi, au moment où Athènes peine à mettre en oeuvre son plan de redressement.

Aux États-Unis, le plan de 447 milliards de dollars présenté par le président Barack Obama pour relancer l'emploi n'a pas rassuré les investisseurs, Wall Street évoluant en forte baisse.

Après la chute de l'euro jeudi et vendredi, «la suite dépendra de la capacité de l'Europe à contenir les risques de défaut de paiement non encadré de dette souveraine ou bancaire et de la réaction du G7», a prévenu Lena Komileva.

Les pays riches du G7 étaient réunis vendredi à Marseille, dans le sud de la France, pour tenter de dépasser leurs divergences en vue de formuler une réponse convaincante à la crise.