Fragilisée par de nouvelles dissensions, la zone euro va tenter lundi d'avancer sur le dossier de l'aide à la Grèce et l'épineuse question de l'implication des banques, au moment où augmentent les craintes de contagion de la crise de la dette, en Italie notamment.

Les présidents de l'Eurogroupe Jean-Claude Juncker, de la Banque centrale européenne Jean-Claude Trichet, de la Commission européenne José Manuel Barroso, et le commissaire européen aux Affaires économiques Olli Rehn se réuniront à partir de 8h (1h, heure de Montréal) à Bruxelles à la demande du président du Conseil européen (forum des chefs d'État et de gouvernement de l'UE, NDLR) Herman Van Rompuy, a indiqué dimanche à l'AFP son porte-parole, Dirk De Backer.

«Il ne s'agit pas d'une réunion de crise, mais de coordination des positions comme il y en a déjà eu dans le passé», a-t-il précisé.

Ils seront rejoints par les ministres des Finances de l'Eurogroupe à 15h (9h, heure de Montréal) à Bruxelles.

Aucune décision n'est attendue à ce stade, car le parachèvement d'un deuxième plan d'aide à la Grèce a été repoussé à la rentrée.

Les discussions devraient principalement tourner autour des banques: leur participation au deuxième plan de soutien promis à Athènes et la publication de résultats de tests de résistance attendus le 15 juillet.

Il s'agira d'abord de mettre fin à la cacophonie ambiante sur la manière de faire contribuer le secteur privé à l'aide à la Grèce - une exigence de l'Allemagne et des Pays-Bas notamment - née ces derniers jours de la décision de Standard & Poor's.

L'agence de notation a provoqué l'ire des Européens en menaçant de déclarer la Grèce en quasi-faillite («défaut partiel» ou «sélectif») si les propositions françaises, prévoyant que les créanciers privés réinvestissent en partie automatiquement dans la dette grecque, se concrétisaient.

Du coup, quitte à ne pas recevoir l'agrément des agences de notation, l'idée de recourir à une solution impliquant sur une période limitée dans le temps un «défaut sélectif» de la Grèce, fait son chemin parmi les responsables européens.

Cela pourrait être réalisé grâce à une option favorisée par Berlin, un rééchelonnement de la dette grecque voyant les créanciers échanger leurs obligations arrivant à échéance contre d'autres à maturité plus longue. Le rachat d'une partie de la dette du pays, au travers par exemple du Fonds de secours financier de la zone euro, est aussi discuté.

«Si une contribution obligatoire (des banques) mène à un défaut de paiement faible et isolé, ce n'est pas si terrible», juge le ministre néerlandais des Finances, Jan Kees de Jager.

Selon des diplomates, les cas de figure à l'étude n'impliqueraient pas forcément un «événement de crédit», une étape aux conséquences imprévisibles permettant aux créanciers de la Grèce de faire jouer les contrats d'assurance qu'ils ont souscrits pour se protéger d'une défaillance du pays (CDS dans le jargon financier).

Problème: la Banque centrale européenne (BCE) pourrait être amenée à ne plus accepter d'obligations grecques en garantie pour refinancer les banques du pays, les condamnant au dépôt de bilan.

Et pour l'heure, l'institut de Francfort reste ferme. Il a dit non jeudi à tout défaut de la Grèce, total ou partiel, impliquant qu'Athènes soit considérée comme incapable de faire face à la totalité de ses engagements.

Résultat: il va falloir «faire un peu de déblayage» lundi entre les idées sur la table, souligne une source gouvernementale.

Le temps presse. L'Italie s'est retrouvée vendredi à son tour sous la pression des marchés avec une envolée de ses taux obligataires à un niveau record, sur fond de tensions politiques.