Confrontée à une crise des finances publiques sans précédent, la Grèce a vu la note de sa dette à long terme reléguée au fond du classement par l'agence de notation Standard & Poor's, ce qui en fait le pays le plus mal noté au monde.

Le rôle des agences de notation est d'évaluer la solvabilité financière d'un emprunteur, à qui elles attribuent une note allant de AAA (la meilleure possible) à D, qui indique que l'émetteur de l'obligation est en cessation de paiement.

La note à long terme d'Athènes est désormais de CCC avec une perspective négative, autrement dit elle pourrait encore être abaissée à moins d'un sauvetage qui ne pénalise pas les créanciers privés du pays.

En attendant, Athènes est le seul pays au monde, à la date du 14 juin, noté dans la catégorie «CCC» chez Standard & Poor's. La dégringolade de la note signifie qu'il est devenu de plus en plus probable que la Grèce ne puisse pas rembourser ses créanciers privés à temps, explique Standard & Poor's, soulignant que ce risque de défaut de paiement s'est fortement accru.

La Grèce, pays membre de la zone euro, se retrouve ainsi plus mal notée que le Pakistan (B-), l'Equateur (B-), la Jamaïque (B-), le Venezuela (BB-) ou encore le Guatemala (BB), l'Albanie (B+), le Benin (B), la Bolivie (B+), le Burkina Faso (B), le Panama (BBB-), le Srilanka (B+) ou le Surinam (B+).

La note de la Grèce pourrait être abaissée davantage et notamment à «SD» ou «défaut sélectif» ou partiel. Concrètement, ça signifierait que le pays ne pourra pas honorer une ou quelques échéances de remboursement.

Mais «ça ne remet pas en cause l'ensemble de la dette», relève-t-on chez S&P. Ce fut le cas de l'Équateur en 2008. Le pays n'avait pas alors remboursé une émission obligataire qu'il contestait. Sa note fut alors reléguée en «SD».

Pourquoi la Grèce est-elle plus mal notée que le Pakistan, pays à une forte instabilité politique?

Le Pakistan a une note de B- avec une perspective stable, ce qui signifie que celle-ci ne devrait pas normalement évoluer dans les 12 à 18 prochains mois.

Standard & Poor's dit prendre en compte quatre éléments pour évaluer de la solvabilité financière d'un pays:

-Le risque politique ou institutionnel

-Le facteur économique et monétaire

-Les éléments budgétaires

-Le niveau de la dette.

Si le Pakistan a une note équivalente à celle de la Grèce avant la dernière dégradation à CCC, Standard & Poor's estime que le recours toujours possible à des financements extérieurs permet de compenser les faiblesses budgétaires et structurelles.

Or dans le cas de la Grèce, S&P n'exclut plus un défaut de paiement «prochainement».

Y a-t-il des précédents? Le pays peut-il sortir des abîmes du classement?

Avant la Grèce, d'autres pays se sont retrouvés au fond du classement de l'agence de notation Standard & Poor's.

En juin 2009, l'Equateur avait débuté l'année en tant que «SD», en défaut de paiement partiel. Mais moins d'un an plus tard elle remontait à B-.

La Jamaïque présente l'une des remontées les plus spectaculaires. Elle avait débuté l'année 2010 avec une note SD. Quelques semaines plus tard, celle-ci était à B-.

Idem pour la Russie, classé en défaut de paiement en juillet 2000, mais qui a renoué avec la catégorie B moins de cinq mois plus tard.

Certains pays comme la Somalie, l'Irak ou encore l'Afghanistan ne sont pas notés par Standard & Poor's. S&P a arrêté d'évaluer la Libye parce qu'elle estime ne pas avoir «suffisamment d'informations».