Le Premier ministre britannique David Cameron a promis lundi au patronat de soutenir «sans répit» la croissance, en misant sur l'innovation et en investissant dans les infrastructures, pour contrebalancer les effets du plan de rigueur sans précédent qu'il vient de dévoiler.

Invité d'honneur du congrès annuel de la Confédération de l'industrie britannique (CBI), le Premier ministre conservateur a exposé «sa stratégie pour la croissance» à un moment-clé pour l'avenir du pays, dont certains experts craignent désormais un retour dans la récession.

«D'où viendra la croissance? D'où viendront les emplois?», a d'emblée demandé M. Cameron, cinq jours après l'annonce de 81 milliards de livres (92 milliards d'euros) de coupes budgétaires d'ici à 2015 qui entraîneront près de 500 000 suppressions d'emplois dans le secteur public.

M. Cameron a exhorté les entreprises privées à «créer et innover» pour prendre le relais, en gagnant en particulier des parts à l'exportation avec l'aide d'un gouvernement qui «se concentrera sans répit sur la croissance».

Il a annoncé 200 millions de livres (320 millions de dollars CAN) d'investissement, sur quatre ans, pour la création de Centres d'innovation technologique.

«Nous nous trouvons dans un monde de changement économique sans précédent, avec des millions de nouveaux consommateurs et des innovations innombrables (...) Il s'agit d'une opportunité incroyable pour la Grande-Bretagne, pour que de nouvelles start-up fleurissent, pour que les innovations soient la locomotive de la croissance et créent des emplois», a-t-il dit.

Citant en exemple les pays qui savent «mettre le paquet» sur les domaines où il sont déjà forts, à l'instar de l'Allemagne, qui investit massivement dans la recherche sur les voitures électriques, il a promis 60 millions de livres pour aider l'industrie éolienne en équipant les ports du pays pour développer les parcs en mer. De quoi, selon lui, participer à la création de 70000 emplois.

Il aussi souligné que de grands projets de transport avaient été épargnés par les coupes budgétaires, comme la ligne de train à grande vitesse Londres-Birmingham.

M. Cameron a annoncé la publication «d'un plan qui détaillera les besoins en infrastructures de la Grande-Bretagne et les moyens de débloquer l'équivalent de 200 milliards de livres d'investissements publics et privés pour le mener à bien».

Il s'adressait à un public largement acquis à sa cause, le patronat ayant approuvé le plan d'austérité comme le seul possible pour éviter la «faillite» du pays.

C'est ce qu'a rappelé lundi le ministre du Commerce libéral-démocrate Vince Cable, tout en reconnaissant sur la BBC que la relance de l'économie s'annonçait «difficile».

L'ampleur de la tâche devait être encore souligné mardi lors de la publication des chiffres de la croissance du pays au 3e trimestre qui, selon tous les experts, devraient marquer un très net ralentissement.

M. Cable devait s'adresser dans la journée au congrès de la CBI dans un discours très attendu après ses spectaculaires attaques contre les banquiers «filous» et «le monde trouble» des grandes entreprises.

Les participants au congrès interrogés par l'AFP ne semblaient quant à eux pas croire à un retour dans la récession. Mais plusieurs ont insisté sur la nécessité pour le gouvernement de pousser les banques à prêter davantage aux petites et moyennes entreprises.

Faute de quoi, relevait Andy Heyes, dirigeant d'une agence de recrutement, le gouvernement pourrait attendre longtemps les créations d'emploi massives espérées par le gouvernement.